© Communauté d’Agglomération de Sophia Antipolis
En déployant un nouveau modèle de navette autonome à Sophia Antipolis, où les attentes sont fortes, le constructeur français entend dépasser les limites de précédentes expérimentations et faire un pas décisif vers une conduite autonome de niveau 4, sans aucun opérateur à bord.
Pour ne pas risquer des vies humaines, les forces de l’ordre utilisent des robots capables de se déplacer jusqu’à un colis suspect. En Floride, une navette autonome Navya a été choisie par un hôpital pendant la pandémie pour transporter sans risque des prélèvements de personnes testées au coronavirus. Un fait d’armes glorieux pour l’entreprise française, spécialiste des systèmes de mobilité autonome et électrique, qui multiplie les contrats à l’étranger. En Arabie Saoudite, six de ses navettes s’intègrent dans un modèle de ville futur. Au Japon, elles opèrent un service de transport en commun sur une vingtaine de kilomètres de routes ouvertes. Et les demandes abondent pour des applications spécifiques : campus, raffineries, sites militaires ou encore prisons.
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Mais qu’en est-il de missions moins atypiques comme celles consistant à acheminer des salariés sur leur lieu de travail ? Sur ce point, le bilan de Navya est sans doute moins flamboyant. Dans le quartier d’affaires de La Défense, l’expérimentation, débutée en 2017, a duré moins de deux ans. Passé l’engouement des premières semaines, les piétons ont boudé la navette. Trop d’obstacles pour qu’elle leur fasse traverser le parvis dans un délai acceptable. À Saint-Quentin-en-Yvelines, l’expérimentation opérée avec Keolis arrive à son terme et elle ne sera pas reconduite au-delà du mois de juin. En cause, une fréquentation moins importante que prévue sur cette boucle de 1,6 km, reliant la gare à la zone d’entreprises voisine. Malgré une fréquence de passage de 8 minutes, matin et soir, une centaine de personnes seulement empruntent la navette chaque semaine.
En mode conquête
« Aujourd’hui, nous allons chercher des marchés dans des environnements où on en a vraiment besoin », défend Sophie Desormière, présidente du directoire de Navya. Forte de son expérience acquise chez Valeo, cette dirigeante arrivée aux commandes en début d’année veut passer à la vitesse supérieure, celle de l’industrialisation des navettes. Pour y parvenir, elle mise sur une nouvelle génération de véhicules qui tire parti des kilomètres accumulés (jusqu’à 15 000 par mois) par les quelque 200 navettes en circulation à travers le monde. L’Evo est en train de succéder à l’Arma, le modèle vu à La Défense et à Saint-Quentin-en-Yvelines, notamment.
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Cependant, le développement de Navya reste tributaire de l’administration. Il faut, par exemple, solliciter une autorisation ministérielle pour circuler sur route ouverte. Par ailleurs, « la réglementation nous impose encore un opérateur de sécurité à bord or nous sommes en mesure d’automatiser la supervision pour faire du "sherperding", c’est-à-dire la supervision d’une dizaine de navettes sans opérateur, ce qui correspond à la demande des villes », plaide la présidente de Navya. Sur ce point, une décision favorable de la part des pouvoirs publics pourrait intervenir d’ici à la fin de l’année. De quoi ouvrir de nouvelles perspectives à Navya. Sans opérateur à bord, ses navettes pourraient atteindre le niveau 4 de conduite autonome et ainsi prendre une longueur d’avance sur les autres modes de déplacement engagés dans la voie de l’automatisation.