Pierre Guignot directeur de l'activité automobile Honda France.
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Entretien avec le directeur de la division automobile chez Honda France à l’occasion de la présentation internationale à Oslo du second modèle full électrique de la marque japonaise : e:Ny1 (prononcez « anyone » ! )
Pierre Guignot, directeur division automobile Honda France
Auto Infos : Quels sont les résultats de la marque en France depuis le début de l’année ?
Pierre Guignot : Nous sortons de trois années compliquées en terme d’immatriculations alors que le portefeuille est plutôt bon. Nous avons été touchés par les livraisons. Malgré le fait que nous avons fini l’année aux alentours des 5000 unités, nous avons commencé l’année 2023 avec un portefeuille de 3000 clients qui se sont concentrés sur le HRV et la Civic. Les six premiers mois restent compliqués en terme de livraison, mais les arrivages reprennent à la sortie de l’été. Et cela correspond avec la sortie de trois produits qui sont produits en Chine dans une joint-venture.
A.I. : Que changent ces trois nouveaux modèles pour Honda ?
P.G. : Pour le réseau, cela va forcément mieux. Car c’est bien de cinq produits dont on parle avec la e:Ny1 aujourd’hui, le ZRV, le CRV pHEV et full hybride et la Jazz restylée qui est importante aussi.
A.I. : Il n’y a pas d’autres solutions aujourd’hui que de produire en Chine pour arriver compétitif sur le marché français ?
P.G. : Non. C’est plus une stratégie de la marque Honda. Si on reprend le positionnement de la marque qui est le premier motoriste au monde avec la Chine comme principal marché devant les Etats-Unis, l’électrification est tirée par la Chine de par la production de batterie. Le choix a été fait parce qu’il y a un développement fort de la marque sur ce continent là. C’est la possibilité pour Honda de faire profiter de cette électrification et de ses nouveaux produits comme l’e:Ny1 sur un marché européen qui s’électrifie. Les normes chinoises se sont calées sur les normes européennes pour faciliter l’exportation.
A.I. : Une question sur le nom de ce nouveau modèle : e:Ny1, c’est imprononçable ! C’est un jeu des japonais avec les voitures électriques ?
P.G. : On conçoit tous, nous en Europe, que c’est compliqué pour un consommateur mais il y a une vraie signification derrière tout ça. En terme d’appellation commerciale, ce n’est pas forcément la meilleure.
A.I. : Avec deux modèles full électriques, Honda fait son entrée sur le marché ?
P.G. : Clairement, nous commençons à proposer une vraie alternative avec un positionnement tarifaire intéressant avec la finition Advance. Nous sommes bien placés avec les options incluses par rapport aux autres. L’enjeu pour nous sera de l’expliquer et de générer du trafic. Nous avons des valeurs fortes défendues par notre réseau de concessionnaires. A un horizon 2024, nous sommes sur un retour à 10 000 unités pour la marque en France. Nous avons cette capacité à livrer ce volume dont 10% pour l’e:Ny1. Nous avons des ambitions mesurées sur l’électrique.
A.I. : N’est-ce pas un danger de jouer sur les options alors que la voiture électrique dépend essentiellement d’un prix ?
P.G. : Honnêtement, notre ambition de 1000 unités nous permet très concrètement d’y parvenir. Nous allons centrer notre discours sur le client. Nous n’avons jamais mis un catalogue d’options pléthoriques. Ce côté toute option est dans notre ADN. Nous nous apercevons que nous avons beaucoup de conquêtes sur la Honda-e qui viennent de nouveaux clients issus du premium. Ces clients ont été habitués à un après-vente cher ou à des options payantes.
A.I. : Est-ce que d’après vous la voiture électrique casse tous les segments et habitudes du thermique pour ne garder que le prix facial ?
P.G. : Je suis complètement d’accord. Le client considère le véhicule électrique tel qu’il lui est présenté, il est volatile. Nous proposons un prix autour de 42 000 euros tout à fait compétitif, bonus déduit.
A.I. : Quelques mots sur le réseau, à quel moment arrivera ce nouveau véhicule électrique ?
P.G. : Il arrivera à la fin du mois de juillet. Les véhicules de démonstration seront livrés à la fin du mois de juillet pour les essais en concession. Nous allons concentrer nos volumes de vente jusque’à fin décembre afin de conserver la bonus écologique. Nous aurons quasiment 800 unités à livrer. En principe, l’Etat respecte les commandes sur le premier trimestre suivant. Nous suivons la prochaine réglementation de près, à ce stade je n’ai pas encore la réponse du prochain calcul.
A.I. : La perte du bonus serait-elle une mauvaise nouvelle pour Honda ?
P.G. : Non. On ne peut pas vivre tout le temps avec ce bonus écologique. Revenons aux ambitions de la marque sur le PHEV et le full hybride. Nous ne faisons pas de voitures pour la réglementation mais pour le client.
A.I. : Qu’en est-il de la progression de la marque dans le B2B par rapport à ces motorisations ?
P.G. : Cette partie du marché a une vitesse d’électrification plus importante. Nous allons le découvrir à Porto avec la présentation du CRV Phev. Avec le plein nous allons afficher plus de 1000 kilomètres au compteur. La part de vente aux sociétés est aux alentours de 14% malgré une année à 5000 voitures avec la plus grosse progression des ventes à particuliers. Avec cette nouvelle gamme, avec le CRV, nous aurons une part de 25 à 30% largement.
A.I. : Le réseau est-il rentable ?
P.G. : Nous sommes à un point de rentabilité avec une exclusivité de représentation qui est compensée par l’activité VO et les autres marques.