« Nous assistons parfois à des dérives sur certains tarifs »
Laurent Decelle gère les réseaux de professionnels agréés par Covea AIS dans tous les domaines d’activités. Il s’occupe donc des carrossiers dans le cadre de la réparation-collision et des partenariats noués avec des fournisseurs, à l’image de ceux passés avec les fabricants de peinture Axalta et PPG ou le distributeur de pièces de carrosserie Cora. Le dirigeant explique les raisons qui ont conduit Covea à lancer le projet d’une centrale d’achat de pièces de rechange.
Auto Infos : Comment s’articule votre projet de centrale d’achat ?
Laurent Decelle : Ce projet consiste à négocier des accords autour des pièces de carrosserie avec des acteurs comme Cora mais aussi avec les constructeurs et les équipementiers. Les pièces de tôlerie sont concernées mais également les optiques, le vitrage, les pièces de réemploi et les consommables.
A. I. : Pourquoi mettre en place un tel projet ?
L. D. : Le coût de la réparation augmente d’année en année et le poste pièces pèse lourd. Sur les véhicules récents, les aides à la conduite multiplient les capteurs et le coût en pâtit. Une étude récente de l’ANEA a démontré que la présence d’aides à la conduite sur un véhicule entraîne une hausse des coûts de 20 %. Cependant, nous constatons également des hausses sur des véhicules plus anciens, dont les presses ont été amorties. Nous assistons parfois à des dérives sur certains tarifs. La typologie des voitures joue aussi puisque les SUV ont des coûts moyens plus élevés que ceux d’une berline.
A. I. : L’utilisation de cette plateforme sera-t-elle obligatoire pour vos réparateurs agréés ?
L. D. : Non. Nos partenariats ne sont pas obligatoires. Nous expliquons pourquoi nous pensons que c’est pertinent. Imposer n’a aucun sens car l’objectif est d’apporter des solutions. Cora n’a jamais été imposé mais les achats auprès de ce distributeur ont progressé de 10 à 30 % chaque année.
A. I. : Le chiffrage autonome du réparateur (CAR) a pourtant été imposé…
L. D. : C’est vrai que nous l’avons imposé et cela a fait grincer quelques dents. Nous n’avions pas le choix pour ce type de service puisqu’il s’agissait d’un processus industriel. Cela fonctionne très bien aujourd’hui.
A. I. : Quelles sont les conséquences de l’application SelfCar(e) pour les carrossiers ?
L. D. : Cette application permet à l’assuré de prendre des photos de son véhicule accidenté et de les envoyer à son réparateur avec le dossier du sinistre. Ce service s’adresse aux ateliers agréés de niveau 1. Si les photos sont exploitables, le réparateur effectue un chiffrage autonome ou on passe en expertise à distance. Actuellement, 35 % de nos volumes sont effectués en EAD et 10 % en CAR.
A. I. : Comment se porte l’utilisation de pièces de réemploi chez Covea ?
L. D. : Nous travaillons avec 90 recycleurs agréés qui mettent à disposition de nos réparateurs les pièces issues de 80 000 VHU chaque année. Les experts doivent être force de proposition auprès des réparateurs. Aujourd’hui, 11 % des rapports d’expertises comportent au moins une pièce de réemploi. Nous souhaiterions atteindre les 15 %. Cependant, les carrossiers doivent conserver un niveau de marge identique en euros par rapport à la pièce neuve.
A. I. : Cette politique entre-t-elle dans le cadre d’une stratégie plus large ?
L. D. : Notre ambition est d’accompagner les réparateurs en rémunérant mieux la réparation. Nous souhaitons revaloriser la main-d’œuvre pour ceux qui réparent au lieu de changer la pièce.