Face aux crises qui se succèdent et à la montée de l'inflation, l'Observatoire Cetelem de l'automobile 2023 constate une hausse du prix des véhicules, qu'ils soient neufs ou d'occasion, thermiques ou électriques, à l'achat comme à l'usage global. À se demander si les automobilistes sont prêts à des sacrifices financiers pour posséder une voiture ou pensent s'en passer ?
L'étude intitulée « La voiture, quoi qu'il en coûte ? » réalisée par l'observatoire Cetelem de l'automobile 2023 établit une hausse régulière du prix des véhicules neufs ces dix dernières années. Entre 2005 et 2021, cette augmentation atteint 20 % aux États-Unis ou en Chine et près de 10 % en Europe où les prix des voitures ont tout de même augmenté deux fois plus vite que les revenus des ménages. Pour les déplacements quotidiens, l'étude souligne que plus de 4 automobilistes sur 10 utilisent leur véhicule. En France, il s'agit même d'une personne sur deux. L'Observatoire Cetelem constate que la voiture est donc devenue un objet de luxe, mais essentiel. Ainsi, 7 automobilistes sondés sur 10 estiment que « posséder une voiture nécessite des sacrifices financiers », étant 72 % (et 75 % des Français) à déclarer ne pas pouvoir s'en passer. Alors que plus de 6 automobilistes sur 10 considèrent le prix d'achat de leur véhicule « raisonnable », ils jugent le coût global de son usage élevé (57 % et 62 % des automobilistes français), que ce soit l'assurance, l'entretien ou la réparation (notamment en raison de la hausse du prix des pièces de rechange) et bien sûr le carburant. Plus de 82 % des sondés estiment que ce coût est en hausse ces dernières années. Flavien Neuvy, directeur de l'Observatoire Cetelem, considère que l'automobile se retrouve ainsi en étau entre les dépenses obligées (contraintes) et les dépenses « plaisirs ». Face à ces coûts, les automobilistes déclarent pour 60 % d'entre eux avoir renoncé à un déplacement. Ils sont également 60 %, et même 68 % en France, à avoir mis en place des mesures afin de baisser leurs dépenses liées à leur véhicule. Par exemple, en limitant le budget carburant, ou encore en limitant les frais de péage.
Les mobilités douces et électriques s'insèrent dans le paysage
En retour, les automobilistes attendent des gestes de la part de l'État et des constructeurs (baisse des taxes, bouclier tarifaire, aides à l'achat de VE ou encore le développement des transports publics). L'étude constate que la voiture constitue un « motif futur d'inquiétude ». Ainsi, 63 % des possesseurs de voitures affirment craindre « de ne plus avoir les moyens de posséder un véhicule à l'avenir. » Une entrave aux déplacements renforcée par l'arrêt des véhicules thermiques prévue en 2035, quand 7 automobilistes sur 10 renoncent à l'achat d'un véhicule électrique en raison de son coût jugé trop élevé. « Cette édition 2023 montre que les automobilistes ne sont pas prêts au quoi qu'il en coûte automobile. L'électrique est peut-être une voie, mais pas à n'importe quel prix. Aujourd'hui, en l'état, le risque existe qu'il se crée une fracture économique et sociale au sujet de l'automobile, rejetant à la marge les personnes qui en ont le plus besoin dans leur vie quotidienne. […] Si l'avènement potentiel d'un low-cost électrique essentiellement asiatique semble probable, offrant la possibilité au plus grand nombre d'accéder à moindre coût à cette technologie, c'est aussi le risque d'une perte d'influence durable des constructeurs occidentaux qui devient possible », souligne le directeur de l'Observatoire Cetelem.
Parallèlement, les alternatives à l'automobile existent et séduisent. Les mobilités douces suscitent un intérêt grandissant et sont davantage utilisées (36 % des Européens et 32 % au global). La vente de vélos électriques en Europe a d'ailleurs été multipliée par trois en cinq ans.
Méthodologie : L'étude a été réalisée auprès de 16 600 personnes dans 18 pays et conduite par Harris Interactive.