Comptant parmi les symboles de la diversification de Plastic Omnium, la division hydrogène New Energies est promise à une forte croissance d'ici à 2030.
En 2022, Plastic Omnium a créé New Energies, une division dédiée à l’hydrogène qui fait déjà valoir un portefeuille de commandes supérieur à 1 milliard d’euros. Le groupe estime que ce marché se développe plus rapidement que prévu et qu’il pourrait représenter 20 à 25 milliards d’euros à l’horizon 2030.
En marge de la présentation de ses bons résultats financiers pour l’exercice 2022, Laurent Favre, directeur général de Plastic Omnium Compagnie SE, est revenu sur les ambitions du groupe sur le marché naissant de la mobilité hydrogène. « L’hydrogène a un fort potentiel de développement pour les véhicules utilitaires et la mobilité lourde commerciale, notamment les camions et les trains, mais aussi les bus et les engins de spécialités. Les véhicules légers ne sont pas hors du périmètre des applications, nous le constatons aux États-Unis où les constructeurs ont des projets pour leurs pick-up et leurs SUV de grande taille », indique-t-il, avant de préciser que « l’interrogation réside à ce stade dans le positionnement exact de la frontière entre mobilité légère et lourde ».
Une industrialisation rapide focalisée sur la mobilité hydrogène
Plastic Omnium anticipe le déclin des réservoirs pour véhicules thermiques, une de ses spécialités historiques, depuis plusieurs années déjà, même si cette activité engrange toujours de nombreuses commandes et a une profitabilité assurée jusqu’en 2025 a minima. Le groupe s’est rapidement mis en ordre de marche pour répondre à la croissance de la mobilité hydrogène. En 2021, une capacité de 10 000 réservoirs haute pression a été mise en place à Herentals, en Belgique, tandis qu’une capacité de production de 10 000 piles à combustible a été validée en Allemagne, via une co-entreprise avec ElringKlingler (EKPO). En 2022, Plastic Omnium a annoncé la construction d’une grande usine de réservoirs haute pression, dotée d’une capacité annuelle de 80 000 unités, à Compiègne, bénéficiant d’un financement public. Ce sera la plus grande usine de réservoirs hydrogène d’Europe et elle sera opérationnelle en 2025. « Dans le cadre de notre plan de transformation, c’est aussi un levier très pertinent pour accompagner la reconversion de certains de nos salariés. Il y a une dimension sociale avec ces mutations du travail dans l’industrie automobile », souligne aussi Laurent Favre.
Des contrats variés et parfois importants
Ces investissements sont adossés à une dynamique industrielle qui s’est intensifiée en 2022. Un contrat a été signé avec Safra pour la fourniture de réservoirs hydrogène haute pression pour les bus Hycity et de piles à combustible pour le rétrofit d’autocars. Deux autres contrats majeurs ont été conclus avec Stellantis et Hyvia (Renault). Le groupe est aussi associé à Ford dans le cadre du programme Supertruck 3 aux États-Unis. En outre, au début de 2023, Plastic Omnium a lancé une joint-venture avec Shenergy Group en Chine pour produire des systèmes de stockage d’hydrogène haute pression pour le marché des VU. Ajoutons encore que Plastic Omnium a déjà un pied chez Toyota, une fierté quand on sait que le groupe japonais privilégie toujours les développements en interne, et que des discussions sont en cours pour élargir les coopérations.
La division hydrogène New Energies vise les 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2030
Laurent Favre juge que le développement hydrogène est plus rapide que prévu : « Le développement des véhicules électriques à batteries sera plus rapide, mais 2030 apparaît comme une date pivot pour l’hydrogène ». Il faut donc se préparer à l’industrialisation des solutions, ce qui est en cours. En 2025, le groupe aura un réseau industriel de sept usines réparties sur les principaux marchés mondiaux, Europe, Amérique du Nord et Asie, Chine en tête. Les investissements seront donc mesurés mais soutenus, 100 millions d’euros en moyenne par an. « En 2025, nous tablons sur 300 millions de chiffre d’affaires avec ces activités et ce sera aussi le point mort opérationnel pour New Energies. Cela passera à 3 milliards d’euros en 2030 », illustre-t-il.
Face aux réserves avancées par certains spécialistes, notamment pour les infrastructures d’avitaillement en hydrogène, il rétorque que dans le cas des grandes flottes, l’obstacle n’est vraiment pas insurmontable. Enfin, interrogé sur les difficultés du jeune constructeur Hopium, dont Plastic Omnium est partenaire, il appelle à ne pas se tromper de débat : « Tout d’abord, Hopium, c’est une belle histoire entrepreneuriale et elle n’est peut-être pas finie si de nouveaux partenaires interviennent. La véritable question, c’est que dans l’industrie automobile, à l’échelle d’un constructeur, on parle en milliards d’euros, pas en millions ».