Pour Régis Masera (Arval Mobility Observatory), les entreprises sont « des maillons de transformation »
Régis Masera est devenu président de l’Arval Mobility Observatory France, organisme s’inscrivant comme une référence lorsqu’il s’agit de commenter les statistiques de ventes des véhicules d’entreprise, l’été dernier. Succédant à François Piot, il nous livre une analyse étayée du marché national des flottes.
L’Automobile & L’Entreprise : Comment s’est passée votre récente prise de fonction ?
Régis Masera : J’ai pris mes fonctions le 1er juillet 2021 et cela s’est fait assez naturellement puisque je travaillais avec mon prédécesseur François Piot depuis plus de trois ans et que nous avions mis en place un certain nombre de synergies entre nos départements. L’Arval Mobility Observatory s’appuie en effet parfois sur les retours d’expérience client du Consulting et inversement. De plus, cela fait aussi vingt-deux ans que je suis dans le groupe Arval ce qui a facilité mon intégration.
A&E : Quelles ambitions et quels projets nourrissez-vous pour 2022 ?
R.M. : L’un des premiers challenges sera de maintenir ce que mes prédécesseurs ont bâti en termes de valeur ajoutée et de qualité des parutions, dans le respect de trois axes fondamentaux : former, informer et alerter quand cela est nécessaire. Il est également important d’amplifier les contenus sur la mobilité au sens large pour continuer à coller aux transformations du marché. Nous voyons en effet que, dans le monde de l’entreprise, nous basculons d’une gestion de la mobilité professionnelle à une gestion de mobilité plus élargie qui rentre dans la sphère de mobilité personnelle des collaborateurs, comme c’est le cas de la recharge à domicile par exemple. Les pouvoirs publics s’appuyant aussi sur les entreprises, comme maillon de transformation, il nous faut bien comprendre tous les enjeux et les impacts de ce nouvel écosystème.
A&E : Quel regard portez-vous sur les résultats 2021 du marché automobile global ? Et sur celui des flottes ?
R.M. : Au global, nous sommes sur un marché en dents de scie, exposé à un grand nombre de vents contraires où beaucoup d’activités économiques s’étaient arrêtées pendant les différents confinements, ce qui avait induit les premières politiques massives de prolongation de contrats. Par conséquent le début de l’année 2021 a été une reprise du retard accumulé en 2020, qui a été très vite calmée par les logiques de restrictions de déplacements mises en place en fonction des différentes vagues Covid que nous avons connues. Puis, cerise sur le gâteau, à partir de la mi-année est apparue la crise des semi-conducteurs qui a coupé court aux sources d’approvisionnement. En clair, 2021 n’a pas été un long fleuve tranquille, ni pour les opérateurs, ni pour les clients, ni pour les utilisateurs finaux. La conséquence de tout cela : un retard, mesuré sur la période 2019 d’avant crise, sur le marché des mises à la route tombé à - 22 %, dans lequel on retrouve un marché d’entreprise qui présente une meilleure résilience, à seulement - 10,9 % de repli. En synthèse, il y a bien un marché flotte dynamique en terme de demande, mais qui ne s’alimente pas à la hauteur de ses besoins.
A&E : Comment aider les entreprises à accélérer encore le verdissement de leur flotte ?
R.M. : Le vrai problème que l’on rencontre souvent, c’est la non décision. Il faut dire que les arbitrages sont parfois opposés quand on multiplie les acteurs impliqués et qu’il est alors difficile de trouver un consensus entre les différents départements. Nous essayons donc d’arriver avec une « Smart approach » (voir visuel) de transition écologique en cinq étapes en commençant par fixer, avec l’entreprise, ses ambitions reposant sur un budget, des aspects sociaux et une stratégie environnementale.
Une fois cette analyse des priorités établie, nous posons un diagnostic de l’état actuel puis nous passons à la troisième étape de construction des solutions avec l’idée de commercer à introduire ces changements de paradigmes, d’identifier les potentiels et d’adapter le modèle retenu aux cas présentés. Alors, nous déterminons l’effort à produire entre l’existant et la situation cible puis nous monitorons tout cela. Car, en tant qu’acteur externe, il nous est plus facile de fixer un cap objectif face à la réalité du marché comme de l’entreprise.
A&E : Quel visage prendra la mobilité professionnelle de demain ?
R.M. : À titre personnel, je pense que nous allons nous diriger vers plus de multimodalité, surtout dans les grandes villes. Ce qui sera intéressant de suivre, ce seront les stratégies d’implémentation des entreprises. Mais je crois que nous allons observer une meilleure adaptation des usages aux besoins de mobilité des salariés. Ce qui est clair avec les nouvelles générations, c’est que celles-ci jonglent plus facilement avec la pluralité d’une offre digitalisée et ne dépendent plus d’un seul moyen de déplacement. Le véhicule de fonction ne va cependant pas disparaître, en témoignent les belles perspectives de progression de flottes qui s’élargissent en nombre, car qui dit croissance du parc dit aussi croissance de l’activité. À voir sous quelle forme et avec quel type de rationalisation, tel que l’autopartage ou le covoiturage.
Retrouvez l'intégralité de cette interview dans le numéro 273 du magazine L'Automobile & L'Entreprise
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