Bernard De Longueville, responsable développement marché français de Powerdale.
© Powerdale
Spécialisée dans l’électromobilité et la gestion de l’énergie, la société belge Powerdale existe depuis 2003. Une époque où les véhicules électriques n’étaient encore qu’au stade de projet et les solutions de recharge associées relevaient presque de la science-fiction.
À sa création il y a 20 ans, l’entreprise couvrait le secteur du management en opérant un suivi et une gestion d’énergie des sites industriels du Plat Pays. Ce n’est qu’à partir de 2012 que l’entité Powerdale telle qu’on la connaît aujourd’hui a pris forme, orientant ses activités vers le développement et la fabrication de bornes de recharge électrique. Une reconversion amorcée à l’occasion du salon automobile de Belgique, véritable institution chez nos voisins transfrontaliers « à un moment où le marché du véhicule électrique décollait avec l’avènement de la Renault Zoe, la Peugeot iOn ou encore la première Tesla Model S », se souvient Bernard de Longueville, responsable développement marché français de Powerdale.
Les flottes électrifiées ciblées en priorité
« Autonome et autosuffisante, Powerdale est une entreprise très "Tech" qui compte environ 70 personnes dans ses rangs, dont 80 % d’ingénieurs », expose Bernard de Longueville. Une équipe qui conçoit et assemble tous les produits de la gamme soit en Belgique, à 10 km de Bruxelles, soit chez un sous-traitant situé entre Bruxelles et la Hollande pour les modèles de grande diffusion tels la Home pour la recharge à domicile. Une économie localisée qui a permis à Powerdale de passer outre la crise des semi-conducteurs et de soutenir un rythme de production à peu près normal car, « même si certains composants viennent de Taïwan, nos bornes consomment moins d’éléments que les voitures », note Bernard de Longueville.
La première borne imaginée par Powerdale, baptisée Advance avant d’être remplacée par l’appellation Business, était quant à elle destinée aux entreprises. Un détail ? Pas vraiment puisque ce totem à placer sur un parking a défini le champ d’action principal de la société belge, à savoir le canal BtoB. Complétant désormais son catalogue d’une grande armoire Kluster pouvant accueillir jusqu’à 16 points de recharge, ainsi que des bornes publiques « faites pour résister aux intempéries car ne possédant rien d’électronique en dessous de 30 cm » ou d’un câble de recharge intelligent Mobile (déclinée en deux versions Black et Red), toutes ces productions constituent « des outils de recharge de VE spécifiquement pensés pour les flottes. »
Dans cette optique, Powerdale a d’ailleurs couplé ses solutions d’un service de pilotage de la recharge à domicile au travers de sa plateforme Nexxtmove. Développée en interne et conçue pour être compatible avec l’ensemble des produits de la gamme, celle-ci identifie la recharge faite à la maison de celle effectuée au bureau.
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Ainsi, « quand le conducteur reçoit son câble Mobile, par exemple, il va connecter son smartphone à l’application Nexxtmove (gratuite et disponible sur Apple ou Android) en flashant un QR Code. Grâce à un tableau de bord, aussi accessible sur PC, il va donc pouvoir voir sa consommation résumée en graphiques et même télécharger ses recharges mensuelles. Le gestionnaire de flotte, lui, aura un suivi de la recharge détaillé véhicule par véhicule avec des comparaisons possibles. Il pourra aussi choisir une fonctionnalité de remboursement des collaborateurs pour leur recharge à domicile coûtant 7 euros par mois. Pour un PHEV, on arrive alors à un remboursement total du câble en moins de 3 mois et environ plus de 2 000 euros d’économies par an. Un chiffre atteint en moins de 2 mois pour un VE, qui peut de son côté engendrer plus de 4 000 euros d’économies par an », fait valoir Bernard de Longueville.
Connectant déjà plus de 80 000 véhicules, la plateforme Nexxtmove ambitionne ainsi de promouvoir la recharge à domicile en en facilitant la gestion. Pour cause : « Il faut mettre l’accent sur cette tendance pour optimiser le temps d’immobilisation d’un véhicule. De plus, il faut profiter de la nuit pour se recharger car c’est là que l’électricité est la moins chère », ajoute le responsable développement marché français de Powerdale. Ne nécessitant pas de génie civil pour être installé mais juste une prise domestique près de l’endroit où sera garée la voiture, le Mobile coûte 790 euros avec licence pour un utilisateur particulier et 6 euros par mois par véhicule pour les gestionnaires de flotte. Sans oublier qu’il « suit le collaborateur lorsqu’il déménage car il n’y a pas de désinstallation de bornes à gérer ! »
Comme une envie d’explorer la France…
En plus de cette difficulté à surmonter, Powerdale s’est donné de nombreuses résolutions pour l’année 2023, et notamment une multiplication des partenariats en France. « Nous sommes en contact très avancés avec des fleeters et des loueurs longue durée », confie d’ailleurs Bernard de Longueville. Après avoir été pendant longtemps centrée sur son pays d’origine la Belgique, l’entreprise entend donc « s’ouvrir aux autres pays maintenant que nous avons une gamme complète à proposer » mais aussi parce « que l’actualité de la recharge touche tout le monde, surtout avec la décision de l'UE de mettre fin à la vente de véhicules thermiques en 2035. » Il faudra cependant faire avec « la loi sur les avantages en nature qui peut encore évoluer même si c’est un problème que notre câble Mobile peut résoudre », précise le responsable de Powerdale.
« Le marché français est plus lent à la décision que le belge, compte tenu du fait que les sociétés sont plus grandes et ont plus de véhicules en flotte. »
Cette gestion de la fiscalité n’est toutefois pas le seul point sensible rencontré par Powerdale lors de son exportation dans l’Hexagone. « Il y a en effet une spécificité du marché français à prendre en compte en passant la frontière, c’est que c’est un marché plus lent à la décision que la Belgique. Un phénomène lié au fait que les sociétés sont plus grandes et ont plus de véhicules en flotte », analyse Bernard de Longueville.
Par conséquent, « nous faisons beaucoup de conseil et d’évangélisation car les gestionnaires tricolores ont besoin d’être rassurés dans leur transition énergétique. Nous sommes aussi confrontés au fait qu’ils ne sont pas toujours au courant de toutes les solutions qui existent à leur portée, parfois depuis longtemps », ajoute-t-il. Pour autant, « les flottes d’entreprise françaises ont l’avantage d’utiliser des logiciels de gestion de flotte qui nous permettent d’exporter les datas afin d'opérer un suivi en temps réel et déployer un système flexible », apprécie le responsable de Powerdale. Sur le plan de la recharge, le match France-Belgique ne fait donc que des gagnants…
Les chiffres de Powerdale :
- Date de création : 2003
- Nombre de salariés : 65 personnes
- 850 entreprises clientes en Belgique et au Luxembourg
- Plus de 80 000 véhicules connectés à la plateforme Powerdale
- Chiffre d’affaires : 18,6 millions d’euros en 2022
- + 50 % de croissance en 2022