CLCV affirme que « les prix hors taxe des carburants sont en baisse » partout en Europe sauf en France.
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L’Association nationale de défense des consommateurs et usagers CLCV met en évidence des marges brutes mensuelles explosives pour l’essence et le gazole.
« Après une période où les distributeurs étaient avec de très faibles marges, voire déficitaires, il apparaît des marges brutes exceptionnellement élevées depuis le début de l’année 2023 », expliquent notamment les responsables de l'organisation dans un communiqué de presse daté de ce mercredi 10 mai. S’il s’agissait probablement d’une opération de reconstitution de marges après avoir effectué des gestes pour le pouvoir d’achat cet été, ces marges explosives ne sont désormais plus justifiées ».
10 centimes de trop !
Toujours selon CLCV, en réalité les prix à la pompe devraient être 10 centimes moins chers. Elle explique que : « La marge brute "transport distribution" se situe en général aux alentours de 15 centimes le litre (chiffre basé sur les moyennes annuelles de 2018 à 2021). [Or] depuis le début de l’année 2023, cette marge se situe à un record historique dépassant les 25 centimes au litre ». Ainsi, pour l'association une seule explication est possible : « Il apparaît clairement que les distributeurs prennent depuis 4 mois des marges très élevées pour rattraper leurs pertes du second semestre 2022. Ce rattrapage pouvait s’entendre à condition d’être assumé de façon transparente. »
La France, nouvelle exception européenne
En outre, CLCV affirme que « les prix hors taxe des carburants sont en baisse » partout en Europe sauf en France. Selon une récente enquête BFM Business, l'Hexagone serait en effet le seul pays du Vieux Continent où l’essence reste nettement plus chère qu’avant le début de la guerre en Ukraine : « Le SP95 coûte encore 16 % plus cher qu’avant le conflit ». L'Association nationale de défense des consommateurs et usagers ajoute que : « La grande distribution et les groupes pétroliers ne cessent de dire qu’ils s’engagent pour le pouvoir d’achat, il est temps que cela se traduise en acte. La CLCV n’hésitera pas à saisir les autorités compétentes si les marges brutes ne reviennent pas à la normale d’ici le début de l’été. »
Le gouvernement met aussi la pression
Invitée de CNews hier, mardi 9 mai, la ministre de la Transition énergétique a réitéré ses appels aux distributeurs pour que les prix « baissent plus vite ». « Je l’ai dit aux distributeurs de carburants : le prix à la pompe doit refléter au plus proche celui sur les marchés internationaux du pétrole, qui sont aujourd’hui à la baisse », a notamment déclaré Agnès Pannier-Runacher. Le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, devrait également avoir l’occasion de « rediscuter » de ce sujet « avec l’ensemble des distributeurs dans le cadre la réunion sur la lutte contre l’inflation » prévue demain, jeudi 11 mai.
Zoom sur ... la marge brute « transport distribution »
CLCV précise que, du point de vue de la méthode, la marge brute dite « transport distribution » sur le carburant se calcule en faisant la différence entre le prix hors taxes du carburant et le prix à la sortie de la raffinerie (appelé « cotation Rotterdam »). Il s’agit donc de la fraction du prix total qui revient au distributeur, soit sa marge brute, et non sa marge nette (ou bénéfice). « Bien entendu, les coûts concrets des distributeurs étant assez stables, un fort niveau de marge brute présume facilement d’une marge nette confortable ou franchement élevée », argumente l'association.