PSA : « Notre appareil industriel doit être flexible »
Les objectifs de PSA en matière de véhicules électrifiés sont ambitieux. Désormais composé de cinq marques (Citroën, DS, Peugeot, Opel et Vauxhall), le groupe français dirigé par Carlos Tavares entend mettre sur le marché quinze véhicules de ce type d’ici à 2021.
La commercialisation de huit véhicules hybrides rechargeables est déjà programmée. Il s’agit des DS 7 Crossback e-Tense, Peugeot 508/508 SW Hybrid, Peugeot 3008 Hybrid, Opel Grandland X Hybrid 4, Citroën C5 Aircross Hybrid 4 et Peugeot 5008 Hybrid, auxquels s’ajouteront deux modèles encore inconnus. En parallèle, une offre 100 % électrique composée de sept véhicules va également voir le jour. Les premiers véhicules, qui seront commercialisés dans les prochaines semaines, sont les DS 3 Crossback e-Tense, Peugeot e-208, Peugeot e-2008 et Opel Corsa-e Ils seront rejoints par trois autres modèles au cours des deux années à venir, dont les caractéristiques sont encore soigneusement gardées confidentielles.
Pour mener à bien ce programme d’électrification, PSA peut compter sur ses nouvelles plates-formes, les EMP2 et CMP, déjà utilisées pour les versions thermiques des véhicules précités. La première, sur laquelle reposent les SUV, berlines, ludospaces et VUL du groupe, est particulièrement adaptée aux véhicules hybrides rechargeables, tandis que la seconde, réservée aux citadines, SUV citadins et compactes, est davantage adaptée pour fonctionner à 100 % à l’électricité.
La Lorraine, terre d’énergies
Pour que ces bases techniques puissent rouler, elles ont besoin de motorisations adéquates. C’est là qu’intervient, dans la stratégie du groupe, l’usine PSA de Trémery, située à une vingtaine de kilomètres de Metz. Créé en 1979 par Peugeot et Citroën, sous la bannière de la Société mécanique automobile de l’Est, ce site produit depuis quarante ans déjà les blocs essence et diesel équipant de nombreux véhicules du groupe français.
Actuellement, les quatre-cylindres 2.0 l et 2.2 l HDi (de 136 à 180 chevaux), 1.6 l HDi (de 75 à 120 chevaux) et 1.5 l HDi (de 100 à 130 chevaux) sont fabriqués sur place. Les 3 000 ouvriers de Trémery « assurent aussi la production du moteur à essence 1.2 l PureTech (avec ou sans turbo) développant de 82 à 130 chevaux » indique Marc Bauden, directeur industriel du pôle Trémery/Metz. En 2018, 1 768 000 moteurs sont sortis de ses ateliers. Il rappelle que, depuis 2014, Trémery « ne cesse de s’adapter à l’évolution du marché et notamment à celle du mix énergétique essence/diesel. Ce qui se traduit par une hausse de la production des moteurs à essence ». Pour l’année 2019, Marc Bauden table sur la production stable de 1,7 million de moteurs, dont 37 % en essence (contre 31 % l’an dernier).
« On fait des prévisions, on émet des hypothèses, mais on ne sait pas vraiment quelle sera la part de l’hybride, du diesel ou de l’essence dans les mois à venir. Notre appareil industriel doit donc être flexible pour répondre au mieux à la demande » commente Yann Vincent, directeur industriel et chaîne logistique du groupe PSA. C’est pourquoi, en plus de sa maîtrise des moteurs thermiques, l’usine de Lorraine a été choisie pour produire les moteurs électriques du groupe français, qui a investi 21,1 millions d’euros en 2018, dont 10 millions pour la nouvelle ligne dédiée aux chaînes de traction électriques.
Assemblage puis conception et réalisation
Dans l’un des bâtiments du site, libéré de la fabrication de blocs diesel, 3 500 m2 ont été remis à neufs pour accueillir la première ligne de montage de ces blocs symboles de la transition énergétique. Depuis mi-mars, une vingtaine de moteurs 100 % électriques sont produits par une douzaine d’ouvriers, première équipe du site dédiée à cette tâche. Encore en rodage, cette ligne d’assemblage va progressivement trouver sa vitesse de croisière afin de produire 120 000 blocs électriques d’ici à la fin de l’année 2020, puis 180 000 fin 2021. Pour ce faire, une deuxième équipe de production va être installée en octobre et une troisième en décembre, lesquelles seront rejointes par une équipe de week-end à compter du mois de mars.
Dans un premier temps, ces salariés se contenteront d’assembler les composants provenant de divers équipementiers, dont Continental. Une situation amenée à évoluer d’ici à deux ans, lorsque la coentreprise Nidec-PSA emotors sera pleinement opérationnelle. À cet horizon, le joint-venture franco-japonais, logé dans les 38 000 m2 d’un autre atelier de Trémery, assurera la conception et l’entière fabrication des blocs électriques (mais pas des batteries) prenant place sous le capot des futures DS, Citroën, Peugeot, Opel et Vauxhall. « Les machines seront installées en 2020, la production lancée en 2022, et vers 2025 cette activité occupera environ 400 salariés » indique Alexis Coron, le directeur général de Nidec-PSA emotors, qui table sur la fabrication de 900 000 moteurs par an.
Détenue à 50-50 entre les deux groupes industriels, cette coentreprise ne s’interdit d’ailleurs pas de vendre ses moteurs électriques à d’autres constructeurs automobiles. Elle aurait déjà été approchée par de possibles clients indiens, chinois et européens, et un premier contrat pourrait être conclu d’ici à la fin de l’année.
- Fondée en 1979
- Site spécialisé dans la fabrication de moteurs
- 3 000 salariés, dont 400 intérimaires
- 1 768 000 moteurs thermiques produits en 2018 (dont 1,22 M diesel et 550 000 essence)
- 6 850 moteurs produits par jour
- 97 ha de superficie
- Objectif de 120 000 moteurs électriques par an à l’horizon 2020