Les biocarburants ont le vent en poupe.
Si les biocarburants ont le vent en poupe, la perspective de la mobilité électrique représente un risque pour la filière qui envisage de se tourner vers de nouveaux débouchés, mais sans promesse de pérennité.
Face aux sensibilités environnementales et à la hausse du prix des carburants traditionnels, les biocarburants ont le vent en poupe. Le chiffre d’affaires du marché tricolore des biocarburants devrait augmenter de 2,5 % par an en moyenne entre 2023 et 2026 pour s’établir à 3,3 milliards d’euros (après avoir fait un bond d’environ 6 % et 9 % respectivement en 2021 et 2022), selon les prévisions de Xerfi.
Les perspectives restent favorables avec le développement des biocarburants de deuxième génération et les incitations des pouvoirs publics. La production de bioéthanol devrait croître pour atteindre 1 300 millions de litres en 2026 (+ 20 % par rapport à 2022). Il existe de même un gisement de croissance important pour les biocarburants réservés aux flottes de véhicules industriels. Plusieurs acteurs ont ainsi lancé de nouveaux carburants de type B100. Les véhicules professionnels contribueront également à l’envol du bioGNV.
Si les biocarburants constituent une solution transitoire pour contribuer à la décarbonation des transports, les perspectives à plus long terme sont moins positives. Plusieurs éléments laissent à penser que la demande devrait fortement se réduire à l’avenir, à l’horizon 2030-2040. À commencer par le long déclin des véhicules thermiques qui seront interdits à la vente en 2035. La mobilité électrique est l’option privilégiée et les e-fuels font l’objet d’un intérêt grandissant. En clair, face à l’envolée de la mobilité électrique et demain des e-carburants, la filière des biocarburants pourra-t-elle survivre ?
Compte tenu du ralentissement anticipé sur le marché automobile, les producteurs de biocarburants cherchent à se positionner sur de nouveaux débouchés dans l’aviation, le maritime et le ferroviaire. Mais il n’est pas assuré que les volumes soient suffisants pour que les acteurs puissent rentabiliser leurs investissements conséquents.
Tension sur la biomasse
Sous l’effet de la transition écologique de l’ensemble des secteurs économiques, la concurrence va s’intensifier pour s’approvisionner en matières premières issues de la biomasse, destinées à remplacer les ressources fossiles. D’après l’Ademe, la biomasse va devenir une ressource rare, qui ne sera pas suffisante pour tous les usages, ce qui nécessitera des arbitrages. Anticipant les tensions sur les approvisionnements, les acteurs de la filière des biocarburants travaillent pour garantir leur accès aux matières premières.
Au-delà de la sécurisation des volumes, il y a également des enjeux sur la réduction des émissions des gaz à effet de serre sur l’ensemble du cycle de vie des biocarburants, du champ au réservoir, ce qui implique d’optimiser les pratiques agricoles en amont. À cette fin, par exemple, TotalEnergies a noué un partenariat avec la FNSEA afin d’accompagner et d’accélérer la transition énergétique, environnementale et économique du secteur agricole en France. Celui-ci visera notamment à développer le biométhane et les biocarburants.