Chronique

Qui ose encore les francs recadrages en management ?

François Rotteleur

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Qui ose encore les francs recadrages en management ?

© Gerd Altmann - Pixabay

Comme tous les vendredis, retrouvez la chronique de François Rotteleur sur l’actualité RH dans l’univers de la distribution automobile.

Selon certains managers rencontrés récemment, les incertitudes et les pénuries conjoncturelles de toutes sortes pousseraient certains collaborateurs à remettre en question, plus souvent que précédemment, les procédures comme les routines du quotidien et au-delà la légitimité de celui qui anime leurs bonnes applications. De ces frondes internes aux différents services, il résulterait une baisse sensible de l’implication au travail, du dévouement à l’entreprise et de la perception du bien-fondé des systèmes de rémunération. Parfois des cadres vont aussi jusqu’à nous décrire leur manque de solution pour pérenniser des procédures ou motiver à la performance. D’un point de vue assez pessimiste, ils dénoncent le fait d’être pointé du doigt à chaque tentative de recadrage et expliquent en partie le phénomène par une actualité qui médiatiserait trop certaines postures de défiance ou encore les appels à la désobéissance à l’égard des pouvoirs en place. Dans des réunions à l’ambiance plus ou moins houleuse, ils verraient leurs décisions immédiatement passées au crible et aussitôt critiquées comme si leurs collaborateurs étaient entrés en politique et chercheraient à débattre démocratiquement à l’excès des directives venant d’être fixées. Ils nous disent encore être critiqué assez systématiquement sur leurs prises de décision mais aussi se voir reprocher leur manque de moyens ou d’organisation face à l’évolution des réglementations et du marché. Tout ce qui ne va pas leur serait fatalement reproché puisqu’ils sont censés être détenteurs des informations et des outils devant justement apporter des solutions.

En revanche pour d’autres, « tenir bon » en faisant preuve d’autorité est souvent citée comme la seule attitude raisonnable à tenir. Pour la plupart de ceux-là, la capacité de décision rapide d’un manager qui tranche est de loin une compétence majeure gageant de son efficacité. Décider, guide et aide les collaborateurs à y voir plus clair, à sortir du flou. La fermeté permettrait mieux d’amener, malgré tout, la performance dans une période incertaine en évitant de générer trop de stress. Des avis recueillis, il ressort que si dans le milieu professionnel, la bienveillance et l’accompagnement ont fait place à une plus grande autonomie pour permettre l’adaptation du travail notamment à distance, le doute engendré remettant en cause le sens et l’utilité des procédures s’est installer. L’autonomie n’est pas l’indépendance et un mode de management plus directif peut se justifier. Un management directif s’articulant autour d’une formation au strict respect des méthodes et à l’animation d’objectifs clairs et précis permettrait plus facilement de poser un cadre solide pour guider plus efficacement les collaborateurs dans leurs missions. Les managers qui semblent réussir le mieux sont convaincus que l’évolution de la distribution automobile imposera de ne plus faire comme avant. Un management directif permettrait sans doute de mieux aider les salariés à identifier leurs missions et l’organisation qui correspond pour les guider dans la réalisation des tâches historiques comme nouvelles.

Les managers qui ont adopté ce mode de fonctionnement nous disent que changer de management implique davantage de transparence et de communication afin que chacun puisse comprendre le plus tôt possible la prise des décisions. Cela passe par des explications factuelles et rationnelles sur la nécessité des choix réalisés. D’autant plus si les décisions prises ne sont pas agréables à entendre. Ils nous disent aussi ne pas manquer une occasion de rappeler que le rôle du dirigeant est aujourd’hui plus que jamais de prendre des décisions pour la pérennité de la structure et le maintien des emplois, quand le rôle du manager est de les mettre en œuvre pour les faire appliquer. Dès lors, figurent en bonnes places parmi les devoirs des salariés d’observer les directives, d’appliquer les méthodes et respecter les standards pour témoigner leur confiance envers l’organisation en contrepartie de leur rémunération.

L’impact de la pratique d’un management plus directif sur la performance des entreprises qui le revendiquent peut facilement s’observer au-delà des résultats dans l’attachement des salariés. Des candidats nous confient que recevoir des directives fermes aurait renforcé leur confiance envers le dirigeant et bien mieux limité leur stress.

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