L'alcool et la drogue au volant sont, à raison, dans le viseur du gouvernement.
© Sidral Mundet / Unsplash
Face à la multiplication d’accidents mortels impliquant des conducteurs sous l’empire de stupéfiants, le gouvernement souhaite requalifier ces « homicides involontaires » en « délits d’homicide routier ». La Première ministre entend donc réunir, dès le mois de juillet, un comité interministériel de la sécurité routière.
Pour un automobiliste, prendre le volant alors que ses capacités de conduite s’avèrent amoindries par l’alcool ou la drogue c'est multiplier par 18 le risque d'être responsable d'un accident mortel. De plus, comme le note la Sécurité routière, les accidents où l'alcool constitue un facteur aggravant sont plus létaux que les autres puisque le nombre de personnes tuées pour 100 blessés hospitalisés est de 23 contre 10 pour les accidents sans alcool. Un ratio qui s’est tristement vérifié à de nombreuses reprises ces dernières semaines, marquées notamment par l’affaire Palmade mais aussi le décès de trois policiers dans le Nord ainsi que celui d’une fillette de 6 ans, fauchée à Trappes par une conductrice sous l’influence de stupéfiants.
Durcir les sanctions envers les chauffards
En réponse aux différents drames qui ont émaillé l’actualité, la Première ministre Élisabeth Borne a donc affirmé, au micro de Radio J dimanche 28 mai, sa volonté de voir les peines encourues par les conducteurs qui consommeraient des produits illicites durcies, et ce « dès juillet ». À cette période, « je réunirai un comité interministériel de la sécurité routière » a-t-elle ajouté, prévoyant aussi de renforcer les contrôles routiers, passant de 800 000 en 2022 à 1 million « pour dissuader ce genre de comportements. »
Mais ce n’est pas tout ! Élisabeth Borne a également admis que les ministres de la Justice et de l’Intérieur étudiaient la possibilité de créer un « délit d’homicide routier ». Actuellement, les accidents de la route entraînant la mort sont qualifiés d’« homicides involontaires », même lorsque le conducteur responsable est ivre ou drogué. Or, choisir de rouler en état d’ébriété ou défoncé transforme, de fait et sciemment, un véhicule en machine à tuer. C’est d'ailleurs pour cette raison que le chef triplement étoilé Yannick Alléno, dont le fils Antoine a perdu la vie à cause d’un chauffard alcoolisé en mai 2022, réclame depuis la requalification d’un tel acte qui n’a rien d’involontaire.
>> À LIRE AUSSI : Sécurité : à quand des femmes mieux protégées sur la route ?
Il faut dire que si, aujourd’hui, les peines vont jusqu’à dix ans de prison et 150 000 euros d’amende, celles-ci sont rarement prononcées, ce qui suscite l’incompréhension des victimes et des associations de victimes. Ces dernières militent donc pour l’inscription de ces crimes dans le code pénal sous l’appellation « d’homicide routier » et non plus d’« homicides involontaires », entraînant par conséquent des jugements plus sévères pour les auteurs d’accidents mortels. Reste toutefois à savoir si ce nouveau terme sera appliqué à la conduite sous l’emprise d’alcool à haute dose et pas seulement de stupéfiants. Car il s’agirait de ne pas banaliser la consommation de la boisson, qui peut représenter une addiction aux conséquences tout aussi désastreuses que la drogue.