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Sécurité routière et écoconduite : comment privilégier les méthodes positives ?

Sécurité routière et écoconduite : comment privilégier les méthodes positives ?

De gauche à droite : Damien Breton, gestionnaire logistique chez Hervé Thermique ; Yoni Allali, directeur commercial chez Ocean – Orange Business Services ; David Julliard, adjoint au délégué à la Sécurité routière au ministère de l’Intérieur ; Olivier Fretay, représentant de l’Arem (Alliance des réseaux pour l’éducation à la mobilité) ; et David Raffin, directeur général d’Actua Formation.

© Eric Bongrand

Alors que début février se tenaient les Journées mondiales sans téléphone portable, le Fleet & Mobility Managers Club a dédié sa première soirée de l’année à la prévention et au risque routier professionnel. Plus particulièrement, les experts invités se sont attachés à démontrer comment privilégier les méthodes positives afin de bénéficier d’effets durables dans le temps.

« Le problème n’est pas réglé, il est devant nous. » Évoquant l’usage du téléphone portable au volant, David Julliard, adjoint au délégué à la Sécurité routière du ministère de l’Intérieur, a estimé qu’il demeure un problème de prise de conscience autour de l’accidentalité routière. Et si les entreprises se sont emparées du sujet, il reste encore une importante marge de manœuvre. Les chiffres le prouvent : le risque routier professionnel demeure la première cause de mortalité au travail. « En 2021, on dénombrait 450 morts lors d’une mission ou d’un trajet domicile-travail. Pire, 38 % des accidents mortels sont liés à un déplacement professionnel que le salarié soit victime ou la cause de l’accident », a précisé David Julliard. Et à l’enjeu humain s’ajoute l’enjeu social et économique avec 4 millions de journées de travail perdues, soit une perte colossale pour les entreprises même si elle est encore mal intégrée dans le calcul économique. Ainsi selon, Olivier Fretay, représentant de l’Arem (l’Alliance des réseaux pour l’éducation à la mobilité), « l'entreprise a de véritables aspects à travailler et une démarche à mettre en place pour être le garant de la sécurité de ses collaborateurs tout comme le salarié doit également cocher toutes les cases de la sécurité lors d’une activité professionnelle. »

La charte des sept engagements comme premier levier

Il faut dire que depuis l’embellie due au confinement de 2020, les chiffres de l’insécurité routière sont largement repartis à la hausse. En novembre dernier, le Conseil national de la sécurité routière (CNSR) a alors dégainé neuf recommandations à l’intention du gouvernement. Parmi leurs cibles prioritaires, les entreprises et leurs flottes de véhicules. Selon les experts, « bien souvent, la conduite dans le cadre des missions n’est pas considérée comme faisant pleinement partie de l’activité professionnelle. Trop peu d’actions de prévention spécifiques à ce risque sont déployées au sein des entreprises alors même que les déplacements routiers au travail connaissent une croissance importante ». Sans oublier les accidents de trajets domicile-travail : « L’absence d’un lien de subordination concernant les trajets domicile-travail ne facilite pas la prise en compte de ce risque dans les actions de prévention mises en œuvre dans les entreprises », reconnaît le CNSR. Alors comment agir ? Parmi les premières pistes évoquées : la signature de la Charte des sept engagements des employeurs pour la sécurité routière au travail, lancée en 2016 par le ministre de l’Intérieur. « Les entreprises peuvent signer en ligne. À ce jour, plus de 2 590 entités représentant près de 4,4 millions de salariés ont déjà participé à cet élan collectif », souligne David Julliard.

Les sept engagements pour des routes plus sûres :

  1. Limiter aux cas d’urgence les conversations téléphoniques au volant.
  2. Prescrire la sobriété sur la route.
  3. Exiger le port de la ceinture de sécurité.
  4. Ne pas accepter le dépassement des vitesses autorisées.
  5. Intégrer des moments de repos dans le calcul des temps de trajet.
  6. Favoriser la formation à la sécurité routière.
  7. Encourager les conducteurs de deux-roues à mieux s’équiper.

De la prévention positive pour des effets durables

Après avoir franchi ce premier pas, d’autres actions sont possibles. « Il faut cependant faire attention pour que la prévention autour du risque routier ne soit pas perçue comme une punition par l’entreprise et ses collaborateurs mais davantage comme une volonté affirmée de prendre soin de la santé de ses salariés dans le cadre de leurs fonctions », alerte Olivier Fretay. Chez Hervé Thermique, cela s’est d’abord concrétisé par une analyse complète de la sinistralité du parc et des contraventions. « Nous avons ensuite développé tout un programme de formations pour faire prendre conscience aux collaborateurs des risques encourus. Il est nécessaire de s’appuyer sur des organismes externes mais aussi sur des entretiens individuels avec les salariés qui permettent de faire émerger les différentes problématiques prioritaires : surmenage, tournée inadaptée… Le management est un aspect très important », souligne Damien Breton. Le gestionnaire de flotte s’appuie également sur différents supports de diffusion. Si chaque structure peut créer ses propres animations et cibler ses actions de prévention, des outils de communication personnalisables sont également mis à disposition chaque année par la Sécurité routière. On y trouve des affiches, des bannières pour les réseaux sociaux de l'entreprise ou la newsletter interne, ainsi que des vidéos et quizz interactifs traitant d'un thème en particulier (vitesse, fatigue, alcool, ...). Plus récemment, Fred Testot, notamment connu pour son duo avec Omar Sy dans le SAV (Service Après-Vente), a mis en scène une mini-série intitulée « On vient vous voir... », tournée avec humour pour la Sécurité routière. Composée de sept épisodes contenant chacun un engagement pour une route plus sûre, cette mini-série rappelle les bons gestes pour avoir moins d'accidents sur nos routes. Attention toutefois, avant de se lancer « la direction doit être convaincue et apporter son soutien au déploiement des actions de prévention, rappelle Olivier Fretay. Le management doit être finement impliqué pour cela fonctionne sur la durée. »

Les réactions ont été nombreuses et les invités ont partagé leurs expériences en matière d'actions de prévention. 

De nouveaux enjeux induits par la transition énergétique

D’autant plus que la transition énergétique des parcs automobiles induit de nouveaux risques. « Le véhicule électrique est plus accidentogène pour plusieurs raisons techniques, précise David Raffin, directeur général d’Actua Formation. Et si les nouvelles technologies dans les véhicules sont là pour faire baisser la sinistralité, mal appréhendées ou mal utilisées, les aides à la conduite (Adas) peuvent créer tout le contraire. » La prise en main et la prise de conscience sont donc d’autant plus importantes avec l’électrification des flottes. Tant que les constructeurs et les loueurs prennent aujourd’hui la parole sur le sujet. Pour y répondre, l’éco-conduite est une thématique particulière qui va aussi avoir des impacts positifs en termes de sécurité. « D’une conduite apaisée débouche une conduite avec moins de sinistres, ajoute David Raffin. Sans accompagnement du conducteur dans le temps, il est compliqué de donner la connaissance et de la pérenniser. » C’est là que la télématique entre en jeu avec un enjeu de traitement de la donnée. « Récolter simplement de la data n’a aucun intérêt, mettre un outil de télématique en place sans le manager et le driver ne sert à rien, insiste Yoni Allali, directeur commercial chez Ocean – Orange Business Services. Et nous sommes désolés mais nous ne serons jamais managers à la place des managers. En revanche, continue-t-il, chez Ocean nous avons tenté de ‘gamifier’ tout ça avec un challenge éco-conduite, une application qui permet de garder le lien social avec les collaborateurs et leur donne la possibilité de se challenger entre eux de manière pédagogique. Nous nous engageons également à accompagner la direction dans la mise en place, a potentiellement prendre sa place devant les CSE et partager la pression sociale. C’est notre métier. »

Pour conclure, nos experts sont tombés d’accord : une bonne prévention du risque routier en entreprise doit se prendre de manière globale. Anticiper, faire le bon choix de véhicule, mener un audit, manager, former, s’appuyer sur la télématique et les différents dispositifs mis à disposition par la Sécurité routière… c’est tout cela qui fait que la recette fonctionne. Si on en prend un paramètre de façon isoler, c’est tout de suite moins pertinent !

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