Sécurité routière : la signalisation intelligente pointe le futur automobile !

Sécurité routière : la signalisation intelligente pointe le futur automobile !

Dans un environnement qui gagne en connectivité, le mobilier urbain – et notamment la signalisation – se doit de gagner en dynamisme. Mais pour quelles améliorations, à quel prix et faut-il finalement craindre, dans ces avancées technologiques, des progrès contreproductifs pour la sécurité routière ?

Depuis une quinzaine d’années, les panneaux de signalisation fixes – ceux qui nous ont donné des cauchemars quand il s’agissait de réviser le code de la route – partagent l’espace avec des équipements beaucoup plus modernes et parfois pilotés par l’intelligence artificielle. Totems digitaux, feux tricolores réactifs au trafic, passages piétons à l’éclairage séquentiel… « Cette signalisation intelligente améliore la sécurité routière car elle peut lire le terrain en direct et effectue un traitement de données à l’instant T, comme dans l’aéronautique » explicite Aly Adham, président et fondateur d’Isosign. Créée en 2007, cette société bourguignonne produit des solutions de signalisation routière verticale et directionnelle pour orienter les usagers, mais aussi des solutions de balisage, de marquage au sol ainsi que des dispositifs de protection tels que les glissières de sécurité.

Informations évolutives

Bref, pour Isosign comme pour Benjamin Blanc, manager en marketing stratégique pour l’activité City du groupe LACROIX, « la signalisation intelligente vient en complément » du mobilier urbain déjà existant, y ajoutant « une approche plus pédagogique ». Sans oublier qu’ « elle accompagne aussi les modifications sur les routes et les nouvelles densités d’interaction entre usagers, toujours plus nombreux, par une possibilité de communication sans fils entre capteurs et panneaux pour anticiper les flux de circulation », fait également valoir Benjamin Blanc. Pour preuve : LACROIX, qui en 80 ans d’existence s’évertue toujours à penser des mécanismes innovants grâce à l’IoT (Internet des objets), a doté certaines traversées piétons de capteurs avertissant de la présence d’un piéton ou encore des « feux verts de récompense » qui ne changent de couleur que lorsque la vitesse à l’approche d’un bourg respecte les limitations de vitesse.

Et ce n’est pas tout : « nous travaillons pour adapter les phases des feux à la priorité des flottes de véhicules de secours dans les environnements denses afin que l’infrastructure soit capable de répondre à l’urgence de déplacement », affirme Benjamin Blanc. Capables de détecter les anomalies et les situations exceptionnelles du type accident ou embouteillages, ces équipements de signalisation intelligents « peuvent aussi servir à la prise en compte de l’aspect écologique, en limitant l’accès aux véhicules polluants dans les ZFE ou en indiquant les bornes de recharges… De plus, les marquages photoluminescents dans les zones non éclairées répondent à des problématiques nouvelles », soulève Aly Adham.

Accompagner la mobilité de demain

Trouver des moyens susceptibles de préparer l’avènement de nouveaux modes de déplacement comme la voiture autonome, c’est aussi l’objectif de la signalisation intelligente. C’est en tout cas ce que pense Manuel Silva, fondateur et CEO de HD-Signs, société française qui porte un projet né en 2006, en étroite collaboration avec le réseau Vinci, des constructeurs automobiles et des équipementiers comme HERE Technologies et Michelin.

HDSigns a développé une gamme de panneaux de signalisation augmentés ambitionnant la formation d’un réseau d’observation météorologique terrestre européen haute résolution, afin de signaler aux automobilistes les plaques de verglas ou tout autre danger sur leur trajet. La raison : « j’ai vu arriver le souci des véhicules autonomes qui doivent être reliés à l’infrastructure pour circuler sans danger et ne peuvent pas se diriger par météo dégradée. Or, environ 25% des accidents et 800 morts par an sont imputés à la météo, ce qui explique d’ailleurs le problème assurantiel des véhicules autonomes », détaille Manuel Silva. Qui note également que la météo impacte l’autonomie des batteries des véhicules électriques, amenés à se multiplier sur nos routes.

Avançant le début du déploiement de ces solutions dans le Vaucluse sur un site pilote en avril 2022, projet qui devrait être opérationnel pour l’hiver prochain, Manuel Silva imagine bientôt l’ajout de données de qualités de l’air ou encore l’analyse du passage de poids lourds « qui, associé aux notions météorologiques, déterminera le taux de vieillissement de l’enrobé de la chaussée. De quoi anticiper le budget de fonctionnement des collectivités et économiser de l’énergie, en cas de neige par exemple en salant moins mais mieux et où il faut », observe le fondateur de HD-Signs, pour qui « informatiser les routes c’est digitaliser les territoires ». C’est également les ouvrir à de nouvelles fonctionnalités et possibilités de messages contextualisés, comme avec l’iGirouette de Charvet Digital Media testée à Lyon, en Belgique ou au Futuroscope de Poitiers. Ce mât, au sommet duquel tournent à 360° deux flèches dotées d’un écran LED sur chaque face, peut indiquer les points d’intérêts classiques (musée, gare, etc.) mais aussi, à termes, pointer la destination qu’un piéton aura mentionnée sur son smartphone.

Y a-t-il des limites à ces avancées technologiques ?

Aly Adham alerte cependant sur la sur-sollicitation visuelle dans l’environnement routier car « ce n’est pas en mettant plus de signalisation qu’on optimise la compréhension de l’espace. Il faut donc se limiter à délivrer des informations essentielles et lisibles sinon cela s’avère contre-productif. Pour cela, la signalisation doit être pensée dans son écosystème et son lieu d’implantation compte », assure le fondateur d’Isosign. Une idée reprise par Benjamin Blanc qui ne prône pas de déploiement massif mais plutôt l’apport « de solutions qui servent sur les points les plus accidentogènes. » Pour Manuel Silva, si limites il y a, elles se situent du côté énergétique dans le cas de la signalisation faisant appel à l’électronique. Toutefois, « pour palier ce souci, on peut se tourner vers les panneaux solaires intégrés. »
Aux yeux du CEO de HD-Signs, « l’avenir privilégiera le service par rapport à l’infrastructure elle-même. Je pense donc qu’on se dirige vers une personnalisation à l’usager en fonction des conditions qu’il rencontrera. Et je crois en la disparition des panneaux à messages variables car ceux-ci seront déportés sur un autre écran, celui du smartphone ce qui permettra de voir émerger de nouveaux métiers en charge de gérer ce marché », complète Manuel Silva. Aly Adham, lui, prédit qu’ « il arrivera un moment ou un autre où ils disparaîtront mais pas avant 15 ou 20 ans, le temps que l’ensemble des équipements routiers s’adaptent du point de vue technologique », surtout en zone rurale. De plus, « il subsiste un besoin d’éléments de sécurité fiables et universellement compréhensibles », plaide Benjamin Blanc.

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