Les tarifs du stationnement en voierie à Paris pourraient bientôt être modulés en fonction du véhicule utilisé. (image d'illustration)
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À l'image de ce qui a – déjà – été annoncé par la ville de Lyon, les élus du Conseil de Paris entendent faire payer plus cher l'occupation du domaine public aux automobilistes roulant en SUV.
Pour stopper la prolifération des SUV dans les centres-villes – et d'une manière générale dans le parc roulant français – certains élus entendent taper au portefeuille des automobilistes ayant préféré ce type de carrosserie à une autre. Que ce soit pour des raisons purement esthétiques ou fonctionnelles.
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Réuni du 5 au 9 juin dernier, dans le cadre d'une session ordinaire, le Conseil de Paris, a ainsi adopté un vœu formulé par Frédéric Badina-Serpette (élu du 18e arrondissement) et Fatoumata Koné (élue du 19e arrondissement) ainsi que les élus du groupe Les Écologistes réclamant « la mise en place au 1er janvier 2024 d'une tarification progressive du stationnement en fonction de la durée, de la motorisation, de la taille et du poids des voitures » et la création, en parallèle, d'un « tarif solidaire pour les familles aux plus faibles revenus ainsi que pour les familles nombreuses ».
Pourquoi faire payer plus cher le stationnement des SUV ?
Dans leur argumentaire visant à moduler les tarifs du stationnement en voirie en fonction du véhicule à immobiliser, les conseillers de Paris mettent en avant, pêle-mêle : « La tendance des constructeurs automobiles à faire disparaître de leur gamme les véhicules familiaux break ou monospace au profit de véhicules de type SUV “Sport Utility Vehicles” bien plus grands et gros », et le fait que « les véhicules les plus lourds causent des accidents plus graves, en particulier pour les véhicules hauts type SUV, dont les pare-chocs sont à hauteur des organes vitaux des piétons [faisant ainsi naître] un sentiment d’insécurité pour les piétons les plus vulnérables dans l’espace public, en particulier les enfants ».
À l'heure où la majorité municipale cherche à « recoudre l'espace public [...] dans l'une des villes les plus denses au monde » et, par conséquent, à limiter la place dévolue à l'automobile dans la capitale, les SUV sont pointés du doigt pour leur gabarit jugé trop imposant. Il est vrai que ce type de véhicule a d'abord été popularisé par les constructeurs – premium – au sein des segments supérieurs (Mercedes-Benz Classe M dès1997, BMW X5 en 1999, Volvo XC90 en 2022, etc.) avant d'être décliné à l'ensemble des segments du marché (Nissan Qashqai et Volkswagen Tiguan en 2007, Peugeot 3008 en 2009, ...).
Augmenter les tarifs est une réponse au « rejet des SUV par les classes populaires en raison de leurs prix élevés »
Dans le vœu adopté, les élus du groupe Les Écologistes mettent en avant la non-compatibilité de ce type de carrosserie avec les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et la mise en place des zones à faibles émissions (ZFE) dans l'Hexagone.
« Les vignettes Crit’Air, outil national servant à l’application des ZFE, n’incluent pas le critère du poids et de la taille, favorisant de fait des véhicules électriques mais très lourds et pénalisant les véhicules thermiques plus légers. [...] Cette réglementation provoque un rejet auprès des classes populaires, compte tenu du prix très élevé des véhicules électriques de gros gabarit et de leur classement en Crit’Air 0 ».
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Si le vœu a bien été adopté par le Conseil de Paris, les modalités pratiques concernant sa mise en œuvre n'ont pas encore été précisées. Leur définition aura un impact sur les systèmes informatiques permettant le paiement du stationnement et le contrôle automatisé de celui-ci par les opérateurs désignés par la Ville.