Au Etats-Unis, Stellantis est confronté à un mouvement social de grande ampleur du syndicat UAW.
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Le puissant syndicat automobile américain UAW est résolu à aller au bras de fer avec Stellantis, GM et Ford. La grève dans les usines se poursuit et les négociations semblent toujours au point mort. Il est piquant de constater que ce sont les Etats-Unis qui nous rappellent que les usines tournent avec des ouvriers et que le dialogue social n’est pas un long fleuve tranquille.
Le syndicat américain UAW, pour United Auto Workers, poursuit son mouvement de grève contre Stellantis, GM et Ford. Actuellement, la grève bloque la production des usines de Wentzville pour General Motors, de Michigan pour Ford, et de Toledo pour Stellantis. L’ensemble représente plus de 13 000 salariés et des piquets de grève ont été installés devant les sites d’assemblage, paralysant la production des voitures.
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Une grève historique décidée par l’UAW
En communiquant par le biais des réseaux sociaux, Shawn Fain, le président de l’UAW, s’est montré inflexible : « Nous nous préparons pour attaquer les constructeurs d’une manière qu’ils ne connaissaient pas jusqu’à présent. Nous allons frapper ou nous devons le faire ». En quatre-vingt-huit ans, c’est la première fois que le syndicat s’attaque simultanément aux trois groupes américains, l’ancien Big Three (GM, Ford et Chrysler, ce dernier étant passé sous le giron de Stellantis au même titre que Jeep et Ram par exemple). Un ensemble qui représente encore 40 % du marché américain.
L’UAW juge les propositions des constructeurs insuffisantes, voire insultantes
En toile de fond figurent des négociations sur les nouveaux contrats régissant le travail des employés automobiles des constructeurs. Un accord était attendu pour la date limite du 14 septembre 2023 mais il n’a jamais été trouvé. C’est principalement sur la revalorisation salariale que le dialogue achoppe. Les propositions de Ford et de Stellantis ont notamment été rejetées, jugées insuffisantes par Shawn Fain et ses équipes. Shawn Fain a même qualifié les propositions de GM d’insultantes, rappelant à l’opinion publique que le groupe avait dégagé des profits importants au premier semestre et que sa présidente Mary Barra avait été rémunérée à hauteur de 29 millions de dollars en 2022.
Stellantis n’est pas ménagé
Le syndicat n’est pas tendre avec Stellantis, qualifié de groupe le plus riche du Big Three, avec les marges et les bénéfices les plus élevés. « Stellantis a de l’argent, beaucoup d’argent. Mais sa direction ne veut pas que les travailleurs obtiennent leur juste part », pointe Shawn Fain.
Si les constructeurs somment l’UAW de ne pas mettre en péril l’industrie américaine à un moment de transition délicat, le syndicat peut s’appuyer sur le soutien des travailleurs qu’il représente. 97 % d’entre eux avaient ainsi voté en faveur de la grève lors de la consultation du mois d’août.
La grève chez Stellantis, GM et Ford pourrait coûter « un pognon de dingue »
Alors que les négociations se poursuivent en coulisses, l’UAW sait avoir gardé un atout dans sa manche, car il n’a pas encore bloqué les usines qui fabriquent les pick-up stars des trois groupes, notamment le best-seller F-150 de Ford ou les modèles de Ram chez Stellantis. Des véhicules générateurs de très fortes marges.
Selon plusieurs économistes, cette grève va se chiffrer en milliards de dollars pour les constructeurs et leurs fournisseurs. De quoi inquiéter les places de marché.