Avec la Toyota BEV Factory, le premier groupe automobile mondial annonce sa conversion aux véhicules 100 % électriques à batteries.
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Fort de très robustes résultats financiers pour son exercice 2022-2023 avec un chiffre d’affaires de 263,5 milliards d’euros, Toyota va investir pour rattraper le train du véhicule électrique. Koji Sato, le nouveau boss de Toyota, annonce 1,5 million de ventes de véhicules 100 % électriques en 2026 et 3,5 millions en 2030.
Toyota vient de publier ses résultats financiers annuels (avril 2022 à mars 2023) et son chiffre d’affaires s’établit à 263,5 milliards d’euros, en progression de 18,4 % par rapport à l’exercice précédent. Les ventes ont aussi progressé, à 10,5 millions de véhicules contre 10,3 millions un an auparavant (+ 1,7 %). En revanche, le résultat net est orienté à la baisse (17,3 milliards d’euros, - 14 %), ce qui est imputable à la hausse des prix des matières premières et aux approvisionnements en semi-conducteurs encore troublés.
Toyota devrait vendre 11,38 millions de véhicules cette année
La guidance 2023-2024 présentée par Koji Sato, nouveau président-directeur général du groupe Toyota, est positive. Les ventes devraient continuer à progresser, de plus 7 %, pour atteindre le niveau record de 11,38 millions de véhicules, via les marques Toyota, Lexus, Daihatsu et Hino. Le chiffre d’affaires prévisionnel dépasse les 281 milliards d’euros et les indicateurs de rentabilité vont aussi s’améliorer (plus de 19 milliards d’euros de résultat net).
La conversion de Toyota aux voitures 100 % électriques à batteries
Mais l’essentiel est ailleurs. Comme il l’avait préfiguré dans son discours d’investiture, Koji Sato veut que Toyota accélère sur l’électrification, pour combler le retard pris le marché des véhicules 100 % électriques (BEV) ces dernières années. Une situation qui lui coûte déjà des parts de marché en Chine et qui peut devenir problématique sur d’autres marchés, notamment en Europe, si les « ICE ban » sont respectés. On sait que certains dirigeants de Toyota sont réservés par rapport à la technologie des voitures électriques à batteries, mais cette fois, sous la légère pression de certains analystes soit dit en passant, Koji Sato a décidé de passer à la vitesse supérieure.
Une course contre la montre
Les objectifs annoncés par Toyota sont très ambitieux : 1,5 million de ventes de véhicules 100 % électriques en 2026 et 3,5 millions en 2030. En tout juste trois ans, le premier jalon peut même sembler difficile à atteindre. Il doit s’appuyer sur un plan produits de dix nouveaux modèles BEV allant des compactes aux véhicules premium et commerciaux. Dans cette première phase, la Chine et les États-Unis sont les marchés cibles prioritaires.
Le groupe alloue de nouvelles lignes budgétaires aux véhicules électriques à batteries, 7,5 milliards d’euros supplémentaires annoncés par Koji Sato, qui maintient les efforts portés sur l’amélioration des technologies hybrides et sur le potentiel de l’hydrogène (la Toyota Crown à hydrogène viendra épauler la Mirai en fin d’année). « À partir de 2026, tous nos nouveaux modèles électriques bénéficieront de trois nouvelles plateformes : carrosserie et châssis, électronique, et logiciels », lance-t-il.
Toyota revoit son organisation autour des véhicules électriques
Dans cette optique, le groupe a revu son organisation. Exit la Toyota ZEV Factory, welcome la BEV Factory, tout un symbole. Cette nouvelle division est transverse et mondiale (Chine, Amérique du Nord, Europe, etc.). De nouvelles relations seront instaurées avec certains fournisseurs, notamment pour améliorer les performances des batteries, tout en réduisant leur time to market et leur coût. « Ce point est important, car cette volonté de Toyota de réduire le time to market laisse entendre que le groupe est plus avancé qu’on ne le pense sur les BEV », lâche un analyste financier qui ajoute que si tel n’est pas le cas, les objectifs annoncés ne seront pas atteints. En outre, la filiale Woven by Toyota, qui a vu le jour en 2018 pour piloter les nouvelles technologies du groupe, notamment logicielles, sera étroitement associée aux programmes.
Au niveau du management, Takero Kato est promu à la présidence de la BEV Factory, tandis que Takahiro Ishijima, qui dirigeait la Toyota ZEV Factory, lui succède comme président du Vehicle Development Center.
Koji Sato a réussi son premier pari, car les places de marché ont bien accueilli ces nouvelles annonces. Le titre de Toyota a notamment progressé à la Bourse de Tokyo.