Deux voiture électriques gratifiées de cinq étoiles ne se valent pas nécessairement.
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Les valeurs de CO2 sont la référence du marché du véhicule d’entreprise. Pourtant, chaque voiture a un impact environnemental plus large. C’est ce que se propose de mesurer et de rendre public Green NCAP.
On connaissait déjà les étoiles de Euro NCAP, délivrées aux véhicules les plus sûrs. Voici celles de Green NCAP qui distinguent les modèles selon leur impact environnemental. Ici, les voitures ne finissent pas écrabouillées, façon César, mais bardées de capteurs pour des tests, en laboratoire puis sur la route. Objectif : révéler ce que la procédure d’homologation WLTP ne mesure pas, ou insuffisamment. Avec l’ambition que les consommateurs européens puissent choisir leur voiture sur des critères environnementaux mesurés grâce à trois index : la qualité de l’air, l’efficacité énergétique et les émissions de gaz à effet de serre. La notation globale s’échelonne sur cinq étoiles. Sans surprise, la note maximale reste hors de portée des voitures à moteur thermique, fussent-elles hybridées. Le club des « 5 étoiles » est 100 % électrique, ce qui s’explique par le détail de la notation. Aucun polluant n’étant mesuré à l’échappement, l’indice de qualité de l’air atteint systématiquement 10/10, ce qui booste la note globale. Les gestionnaires de flottes n’apprendront donc pas grand-chose en comparant le nombre d’étoiles attribué. En revanche, Green NCAP peut devenir un puissant outil pour mettre en conformité le parc automobile avec la politique RSE d’une entreprise. À condition d’en explorer toutes les subtilités.
Toutes les électriques ne se valent pas
Ainsi, deux électriques, gratifiées de cinq étoiles, ne se valent pas nécessairement. C’est ce que révèle le deuxième index du protocole, qui concerne l’efficacité énergétique. « Le poids d’un véhicule peut faire passer sa consommation d’électricité de 20 à 22 km/h mais peu de consommateurs sont capables de comprendre ce que cela implique alors qu’ils seraient les premiers à relever un écart de consommation entre deux véhicules thermiques », confie Aleksandar Damyanov, directeur technique de Green NCAP. Parmi les derniers tests, en 2022, la Megane E-Tech EV 60 et la Hyundai Ioniq 5 58 kW font jeu égal. Pourtant, l’indice d’efficacité énergétique tourne à l’avantage de la française en raison de son poids : 1 684 kg contre 1 845 kg pour sa rivale coréenne. De tels écarts d’indice retiennent l’attention car ils impactent financièrement le TCO. Et de ce point de vue, la meilleure voiture électrique n’est pas asiatique ni américaine mais roumaine. La Dacia Spring est la championne Green NCAP 2022. Malgré une autonomie limitée, elle réussit, mieux qu’aucune autre, le compromis entre mobilité électrique et poids embarqué.
Du puits à la roue et plus encore
L’autre force de Green NCAP réside dans sa mesure des émissions de gaz à effet de serre. « Si les gestionnaires de flottes devaient ne retenir qu’un seul indice, ce serait celui-ci car beaucoup d’autres informations en découlent », souligne Aleksandar Damyanov. D’autant plus depuis que Green NCAP a modifié son protocole, en 2022. Auparavant, il mesurait les émissions à l’échappement : « Les véhicules électriques obtenaient systématiquement la meilleure note alors qu’on sait aujourd’hui que leur bilan carbone global n’est pas si vertueux », pointe le directeur technique. L’organisme a donc revu sa copie pour intégrer les émissions de carbone du puits à la roue et même au-delà. Baptisé LCA pour « Life cycle assessment », il tient compte du bilan carbone depuis l’extraction des matières premières nécessaires à sa fabrication, jusqu’à sa production à l’usine et à son transport jusqu’au client. LCA fait mieux encore en intégrant la consommation énergétique dont l’impact environnemental varie selon la source (gasoil, électricité, essence…) mais aussi, dans le cas de l’électricité, selon le pays (sur ce point, la France marque des points avec le nucléaire).
Revers de la médaille, les résultats publiés à partir de 2022 ne sont plus comparables à ceux des tests antérieurs. Par ailleurs la quête de qualité des tests se traduit par des publications moins nombreuses. L’organisme fait d’abord passer aux voitures une première série de tests avant d’écarter celles dont les résultats sont les plus mauvais. Celles dont les performances environnementales sont dans la moyenne du marché font l’objet de tests plus poussés, dont les données sont croisées avec celles des constructeurs. Les modèles qui figurent dans la liste offrent donc quelques garanties environnementales aux gestionnaires de flotte pour orienter leur car policy.
Comment tirer parti de Green NCAP ?
Les tests combleront les responsables de flotte ou RSE prêts à entendre des vérités (dérangeantes) à propos des hybrides rechargeables. Contrairement au protocole WLTP, qui affiche des consommations plus sobres qu’un colibri, Green NCAP pratique ses tests avec la batterie pleine puis vide. Les différences permettent de savoir à quoi s’en tenir. Par ailleurs, les férus de mesures peuvent accéder à l’ensemble des résultats bruts. Le lien pour y accéder est certes discret : une fois sur la fiche de test d’un modèle, cliquer sur l’onglet Greenhouse gas index puis sur « Download detailed test results » pour récupérer toutes les données sous Excel. Enfin, le site propose un accès à l’outil LCA pour comparer jusqu’à trois voitures avec un kilométrage choisi.