Les transporteurs routiers semblent dans l'impasse pour trouver des solutions à la pénurie de conducteurs.
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L’enquête annuelle de l’IRU sur la pénurie de conducteurs routiers montre que les postes vacants continuent d’augmenter à un rythme alarmant dans le monde entier, en Europe en particulier. Et les motifs d’inquiétude liés à la démographie sont aussi sérieux.
Le millésime 2022 de l’enquête annuelle de l’IRU (pour « World Road Transport Organisation » ou « Union internationale des transports routiers ») révèle que les opérateurs de la plupart des grands marchés mondiaux s’attendent à ce que la pénurie de conducteurs continue d’augmenter : la Turquie de 15 %, le Mexique de 32 %, l’Eurasie et l’Europe de 40 %.
Risque de décrochage en Europe
En Europe, les postes vacants ont augmenté de 42 % entre 2020 et 2021 (71 000 en Roumanie, 80 000 en Pologne et en Allemagne, 100 000 au Royaume-Uni). En outre, dans le transport de personnes, 7 % des postes de conducteurs de bus et d’autocars étaient vacants en 2021 et les opérateurs estiment que cela va atteindre 8 % en 2022.
D’une manière générale, la hausse des salaires n’a pas eu l’effet escompté et elle est d’ailleurs jugée insuffisante par la plupart des candidats.
Dans le détail, on voit aussi que le levier de la féminisation pour contourner la pénurie de chauffeurs routiers n’est pas efficace. Dans le monde, moins de 3 % des conducteurs sont des conductrices. En Europe, pour le transport de personnes, cette part passe seulement à 12 %, loin de la moyenne d’un secteur du transport déjà très masculin (22 %).
Une population professionnelle vieillissante
Le rapport de 58 pages pointe aussi un autre péril pour le secteur, lié à la pyramide démographique des chauffeurs cette fois. Dans la plupart des régions mondiales, la proportion des conducteurs de moins de 25 ans est inférieure à 7 %. Aux États-Unis et en Europe, les conducteurs âgés représentent environ un tiers de la main-d’œuvre. L’Europe a l’âge moyen des conducteurs le plus élevé, soit 47 ans. Et la situation est la même pour le transport de personnes.
Les perspectives sont plutôt sombres, car hormis en Chine et en Turquie, l’image de la profession de conducteur est mauvaise dans tous les pays. « Les opérateurs de transports font des efforts, mais il faut plus de soutien des gouvernements et des pouvoirs publics, notamment pour améliorer les infrastructures de parking, l’accès à des formations et donc l’attractivité vis-à-vis des jeunes et des femmes », commente Umberto de Pretto, secrétaire général de l’IRU.