Il suffit de croiser un des nombreux chantiers du Grand Paris pour le constater : la création d’un réseau de transport public plus qualitatif demande une débauche de moyens. Une étude Keolis-Setec, réalisée en 2019, rappelle qu’un kilomètre de tramway se chiffre à 20 millions d'euros pour une vitesse de circulation de 15 km/h. Quant au métro, il atteint 25 km/h mais chaque kilomètre coûte une centaine de millions d’euros. À l’origine d’Urbanloop, en 2017, quelque 200 étudiants appartenant à 11 écoles d’ingénieurs de l’Université de Lorraine ont mis leurs méninges en commun pour relever un défi : comment se déplacer plus vite, en consommant moins d’énergie, avec un meilleur bilan carbone ?
« En centre-ville, le transport en commun est gagnant face à la voiture mais dans les zones peu ou moyennement denses, avec un bus toutes les 30 minutes, la clientèle n’est composée que d’usagers captifs », campe d’emblée Jean-Philippe Mangeot, ingénieur, enseignant, et aujourd’hui directeur d’Urbanloop. Autrement dit, hors des hypercentres, chacun préférera prendre sa voiture à moins d’avoir un bus en bas de chez soi, toutes les trois minutes, ce qui s’avère économiquement impossible.
Battre la voiture et le bus
Avant d’imaginer une nouvelle solution, les ingénieurs ont pris en considération les critères qui conditionnent le choix d’un mode de transport pour un usager : le temps de trajet vient en premier, suivi par la fiabilité, la sécurité, le prix et l’impact environnemental. D’où l’idée d’un transport guidé car il permet des vitesses élevées en sécurité comme le rappelle l’exemple du TGV. Mais le parallèle s’arrête là car Urbanloop se passe d’infrastructures lourdes qui limitent les possibilités de déploiement.

Ainsi s’explique le choix d’un transport par capsules plutôt que par wagons. « L’infrastructure reste légère car nous pouvons fractionner le transport en plusieurs petits éléments », argumente Jean-Philippe Mangeot. Chaque capsule est étroite, un mètre mesuré d’un bord à l’autre, ce qui limite l’emprise de l’infrastructure au sol. À l’inverse, la longueur de la capsule a été allongée à 3,50 m pour gagner de l’espace à bord. Ainsi, deux adultes peuvent s’asseoir, face à face, ou un seul avec son vélo. Pour la propulsion, Urbanloop a misé sur l’électricité grâce à deux petits moteurs, aux poids contenus. Pas besoin de batterie non plus, les capsules captent par le rail un courant très basse tension (72 volts).
Intelligence artificielle
Pour convaincre les investisseurs, dont BPI France, qui ont déjà soutenu le projet à hauteur de 4,6 millions d'euros, Urbanloop a résumé son ambition d’une formule : « Parcourir un kilomètre en une minute pour moins d’un centime d’énergie ». Il faudrait y ajouter la quasi-absence d’attente en station. Les capsules obéissent en effet à une intelligence artificielle qui les répartit en permanence sur le réseau. En l’absence d’usagers, elles s’arrêtent pour ne pas consommer de courant. Dès qu’un voyageur se présente, la capsule la plus proche se dirige vers son quai. Il faudra cependant encore patienter jusqu’en 2026 avant de monter à bord.
Retrouvez l'intégralité de cette enquête dans le magazine L'Automobile & L'Entreprise n° 281