Vendre à perte du carburant serait désastreux pour les stations-services indépendantes face aux géants de la grande distribution. Les syndicats plaident leur cause. Un fonds d’aides gouvernementales devrait soutenir leur activité.
Pour rendre la hausse des prix du carburant moins douloureux pour le portefeuille des français, le gouvernement a demandé aux distributeurs de faire des efforts. Il s’agissait un premier temps de vendre à prix coutant. Il s’agit désormais de vendre à perte ! Pour les syndicats représentant les distributeurs indépendants, il ne s’agit plus d’un effort mais d’un sacrifice. Ils alertent sur les graves conséquences que cela engendre pour les acteurs indépendants du secteur.
Un risque que Mobilians a expliqué à l’Exécutif, Bruno Le Maire, Agnès Pannier-Runacher et Olivia Grégoire, lors d’une rencontre qui s’est tenue hier en urgence. Les trois ministres se sont engagés à mettre en place un plan d’accompagnement des stations-service traditionnelles. Il devrait être rapidement mis en place un fonds de compensation afin d’accompagner le secteur pendant les six mois programmés d’autorisation de la revente à perte.
Le gouvernement s’est aussi engagé à soutenir la transformation et de la diversification de ces petites entreprises avec fonds de soutien. Ce dernier doit permettre de piloter la transition des stations-service pour faire face aux impératifs de transition écologique. Les 3 ministres se sont aussi engagés à pérenniser le précèdent fonds de soutien à l’installation de bornes de recharge en station-service, mis en place depuis 2022.
Reste à définir le montant des aides. "Nous avons démarré le travail de chiffrage en lien avec les équipes de Bercy qui ont été missionnés par Bruno Le Maire hier dans le cadre de notre rencontre. Nous voulons avancer rapidement, de manière à ce que le dispositif soit opérationnel simultanément à l'instauration de cette autorisation de revente à perte. Il y a d'abord la situation d'urgence, tout en préparant une transformation plus structurelle du secteur" explique Xavier Horent, délégué général de Mobilians.
Il faut alléger la fiscalité des entreprises pour la FNA
La FNA a de même vivement réagit à cette mesure qui contrecarre un droit fondamental pour maintenir une concurrence saine et loyale entre tous les acteurs économiques. La fédération rappelle que l’interdiction de vente à perte « crée une distorsion de concurrence et favorise les grandes chaînes de distribution ayant des moyens plus importants pour supporter des pertes à court terme. En autorisant la vente à perte, l'État court le risque d'anéantir les entreprises indépendantes du secteur. Plutôt que d'opter pour une telle mesure, ne serait-il pas plus intelligent de considérer d’autres alternatives entourant les carburants ? » La FNA préconise une révision fiscale visant à alléger la pression sur les indépendants tout en préservant les finances publiques. Pour la FNA, qui demande au gouvernement de revoir sa position, cette proposition permettrait non seulement de maintenir une concurrence saine sur le marché des carburants, mais également de préserver les emplois et les services locaux. Elle demande elle aussi à être reçu d’urgence au cabinet de la Première ministre afin d'examiner de manière approfondie la possibilité d'une révision fiscale appropriée.
Pour rappel, les indépendants représentent 18 % de la distribution de carburant en France sur les 11 000 que compte le territoire.