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Comme tous les vendredis, retrouvez la chronique de François Rotteleur sur l’actualité RH dans l’univers de la distribution automobile.
La quête de sens qui anime une majorité de salariés, notamment parmi les plus jeunes, perturbe sérieusement le monde de l’entreprise, y compris celui de la distribution automobile. La mutation de ses modèles de distribution, la pénurie des talents, la récente tendance à la démission spontanée et les perspectives controversées concernant l’avenir des carrières, semblent créer autant de freins chez les candidats que chez les employeurs, empêchant de plus en plus souvent une conclusion durable des accords d’embauches. Ces constats pourraient-ils, en remettant en cause une partie de la chaîne de valeur des organisations, aboutir à la nécessité d’une définition nouvelle du sens donné au travail ?
D’une manière générale la quête de sens a toujours été au centre des préoccupations. Historiquement, certaines de ses remises en cause ont parfois pu même aller jusqu’à menacer la croissance. Aujourd’hui, les sujets RH traités dans la presse continuent à détailler les dégâts causés au moral des salariés par la conjoncture des évènements du début des années 2020, à vanter les mérites de la reconversion et prédire d’énormes difficultés liées à l’arrivée de l’intelligence artificielle. Les récits concernant la montée de la fâcheuse tendance qu’ont les candidats à ne plus se présenter aux entretiens d’embauche ou à disparaître avant leur premier jour de contrat ne sont plus rares. Malgré tous les efforts, la gestion RH est devenue de l’avis de tous, beaucoup plus complexe pour les entreprises, quelles que soient leurs tailles, et selon les experts, cette tendance au durcissement n’est pas près de s’inverser.
Le pouvoir de choisir
Pourtant, des managers réussissent mieux que d’autres à limiter leur turnover. Beaucoup d’entre eux pensent que les précédents constats ne sont qu’une partie de l’équation et que la réponse à donner est bien plus large. Selon eux, c’est la valeur accordée au travail qui est remise en question. Chez les jeunes comme chez les moins jeunes, il n’est plus souvent question de devoir moral, de respect de la parole donnée, de sacrifices ou même d’effort. L’ambition d’une carrière ininterrompue et ponctuée d’une évolution linéaire est considérée comme un concept ancien. Les attentes majeures des candidats, entendues dans nos entretiens, sont exprimées à propos de l’autonomie, du sens et de l’instant présent. Le travail signifie toujours beaucoup pour chacun de nous, mais la hiérarchie des priorités des salariés s’est diversifiée. Les priorités des uns et des autres changent et l’avenir verra s’accélérer probablement leur évolution vers un élément central, résumé par le pouvoir de « choisir ». Choisir une entreprise qui correspond à certaines valeurs sociétales et environnementales, choisir d’organiser son temps, choisir de s’engager pour des causes qui tiennent à cœur et donnent l’impression d’un impact positif. Parmi l’inflation du nombre de ces choix et selon des études récentes, les attentes concernant « la passion » prennent substantiellement le pas sur celles concernant « l’argent ». Il apparaît dans ces études que le salaire ne serait plus cité comme critères majeurs que pour seulement 1 salarié sur 4 parmi les moins de 25 ans. Évoluer n’est plus systématiquement synonyme d’une meilleure rémunération, mais passe aussi par l’amélioration de la qualité de vie au travail, notamment pour certains, l’aménagement des horaires et contraintes liées à l’activité.
Face à ces constats, pour continuer à attirer les talents, les entreprises vont devoir intégrer de nouveaux leviers de motivation. Ce travail préalable pourrait poser les bases d’une fidélisation plus efficace et durable. La meilleure compréhension des nouvelles attentes, croisée avec les aptitudes constatées chez un candidat, permettra de mieux identifier son profil dès les premiers échanges. En retour, elle aidera à repenser un poste selon les principales motivations du potentiel candidat, en adaptant la présentation des missions pour optimiser l’adhésion. À nous tous employeurs de mieux comprendre les besoins, mieux valoriser les moyens et les buts, pour donner ce nouveau sens et rester attractifs.