Xavier Duchemin, Opel : « Après 20 ans de pertes économiques, Opel a renoué avec le profit »
Xavier Duchemin, directeur des ventes, de l’après-vente et du marketing de la marque au blitz, dresse le bilan de l’exercice qui vient de s’achever. Entre la nouvelle politique commerciale mise en place et la conquête de parts de marché, la firme allemande entend renforcer son positionnement sur le Vieux Continent et dans le monde en 2020.
Auto Infos : Comment se porte Opel depuis son intégration dans le groupe PSA ?
Xavier Duchemin : Depuis l’intégration, la stabilité économique est assurée et nous enregistrons de très bons résultats financiers. En 2018, après vingt ans de pertes économiques, Opel a renoué avec le profit en réalisant 860 millions d’euros de chiffre d’affaires. Ce résultat s’est confirmé sur le premier semestre 2019 avec 700 millions d’euros annoncés dès le mois de juin. Opel est dans une spirale de croissance et de profitabilité. Si l’année 2018 a été celle redressement, l’année 2019 a été celle de la confirmation.
A. I. : Comment la marque parvient-elle à se démarquer des constructeurs généralistes français ?
X. D. : C’était important d’avoir un positionnement clair. Nous sommes fiers d’être une marque allemande, proche de nos clients. Grâce au rapprochement avec PSA, nous avons pu développer les ventes des véhicules utilitaires avec une part de marché entre 5 et 6 %. Nous possédons une des plus jeunes gammes de VU sur les marchés européen et français, grâce au renouvellement quasi intégral de notre catalogue composé des Opel Combo, Vivaro et Movano. Nous avons une vraie crédibilité sur ce segment ! Nous avons également un complément de gamme avec des baisses spectaculaires d’émissions de CO2, à l’image de la nouvelle Astra restylée en novembre 2019 avec 20 % d’émissions de CO2 en moins grâce à une offre moteur entièrement renouvelée. Notre gamme est totalement adaptée aux exigences écologiques et Opel veut vraiment être un acteur engagé dans ce domaine. Nous avons pris des décisions courageuses et fortes, pas uniquement pour des raisons financières, mais aussi pour des raisons éthiques. C’est l’une des grandes forces de l’intégration dans le groupe PSA : Opel a pu disposer de technologies lui permettant d’accéder très rapidement à la voiture électrique avec la Corsa-e, ou la motorisation hybride avec le Grandland X PHEV.
A. I. : 2020 sera l’année de l’électrification. Comment diffusez-vous ce message auprès de votre réseau ?
X. D. : La formation de nos vendeurs est très importante face au questionnement des clients. C’est important d’avoir des forces de vente aguerries sur ce sujet. Face au budget de plus en plus serré des consommateurs, nous préparons également nos équipes à développer le financement. De plus, nous avons encouragé les concessionnaires à ce qu’ils installent des bornes de recharge sur leurs sites. C’est un nouveau monde, une grande modification pour notre réseau. Enfin, dans une approche responsable, nous avons changé notre politique commerciale en Europe en liant les bonus de performance des concessionnaires à la réduction de CO2. Les constructeurs ne doivent pas être les seuls à s’engager dans cette transition écologique. Tout le monde doit faire un effort sur la réduction des émissions de CO2 et la mise en avant des véhicules électriques. Il me semble que nous sommes le seul groupe à avoir eu cette démarche aussi volontariste en Europe.
A. I. : En décembre, Opel annonçait son retour en Russie. Quelles sont les raisons d’une telle décision ?
X. D. : Le challenge qui avait été donné à Opel était : « Prouvez-nous que vous êtes capables de faire un business en croissance en Europe et vous aurez l’opportunité de croître hors Europe ». C’est chose faite. Sous l’impulsion de Carlos Tavares, nous avons mis en place le plan PACE ! visant à étendre les ventes d’Opel en dehors de l’Europe. C’est une bonne nouvelle car une marque forte, c’est aussi une marque qui a un rayonnement mondial. De fait, nous enregistrons de très beaux succès en Afrique du Nord (Maroc et Egypte). On s’aperçoit qu’au sein de beaucoup de pays hors Europe, le fait d’être une marque allemande nous offre une crédibilité forte et la possibilité de pénétrer certains marchés assez rapidement.
A. I. : Les réglementations s’annoncent plus strictes cette année, comment les appréhendez-vous ?
X. D. : Nous allons travailler sur le renforcement d’Opel en France où l’on observe un déficit de notoriété, mais aussi nous appuyer sur nos modèles électrifiés. Nous comptons beaucoup sur la nouvelle Corsa, qui a été récompensée du prix Autobest en Europe. Elle est l’un des véhicules le mieux placé sur son segment en termes de CO2. C’est la reconnaissance du travail des ingénieurs qui nous permettent d’avoir des véhicules qui arrivent très vite. Nous avons la faiblesse de penser que c’est un avantage compétitif par rapport à certains de nos concurrents qui parfois parlent beaucoup de CO2 et d’électrique, mais qui n’ont pas forcément les produits à vendre.