ZFE, 70 km/h, JO 2024… 50 ans de changements pour le périphérique parisien

ZFE, 70 km/h, JO 2024… 50 ans de changements pour le périphérique parisien

Avec ses 2x4 voies, le périphérique parisien constitue un vaste espace d’aménagements potentiels...

© Creative Commons / Chabe01

Inauguré le 25 avril 1973 après des travaux débutés dans les années 1950, cet axe routier entourant la capitale et surnommé le « Périph’ » a connu de nombreuses évolutions en un demi-siècle d’existence. Rétrospective et avenir d’une voie de circulation que chacun d’entre nous a déjà emprunté au moins une fois…

Long de plus de 35 kilomètres, le périphérique parisien ceint la Ville Lumières en chevauchant des communes telles que Charenton-le-Pont, Kremlin-Bicêtre ou Gentilly. Particulièrement utile pour les salariés vivant en banlieues qui le prennent matin et soir pour se rendre au travail, il possède l’un des trafics journaliers les plus importants d'Île-de-France. Selon une étude du cabinet Roland Berger et de l’acteur du transport Kisio, parue en 2020, le Périph’ draine en moyenne 1,1 million de déplacements par jour, soit 3 % des trajets quotidiens de la région – à titre de comparaison, 1,2 million de passagers transitent chaque jour par le RER A. Passage obligé pour atteindre Paris, le périphérique avance donc un débit de fréquentation à l’image de sa chronologie : foisonnant !

Une histoire mouvementée…

Si le périphérique souffle ses 50 bougies, cet axe routier emblématique (ou en tout cas son idée) ne date pas d’hier. Son concept aurait émergé sous Louis-Philippe au XIXe siècle. Celui qui fut proclamé roi des Français en 1830 était en effet convaincu que la clé de la défense du territoire résidait dans la protection de Paris. Ainsi naquit le projet de bâtir, autour de la capitale, une enceinte de fortifications qui rendraient la ville imprenable. Baptisée « enceinte de Thiers », cette construction embrasse les deux rives de la Seine tandis que ses fortifications s’achèvent en 1844.

Malheureusement, le siège de Paris par l'armée allemande en 1871 démontra les limites de ce que Victor Hugo appelait la « muraille sainte ». Détruites à partir de 1919, les fortifications laissent place à des terrains vagues, progressivement réhabilités à partir des années 1930 en logements sociaux, en équipements sportifs et en parcs. Il faut toutefois attendre juillet 1943 pour que le premier projet dénommé « Boulevard périphérique » voit le jour puis patienter encore une décennie avant que celui-ci se concrétise. À l'époque, le baby-boom induit en effet un besoin de logements urgent, au-delà des frontières de la capitale. La réalisation du périphérique parisien, elle, a coûté deux milliards de francs, soit environ 1,95 million d’euros.

Un périph’ peut en cacher trois autres !

Lorsque l’on parle de périphérique parisien, on a tendance à le conjuguer au singulier alors qu’il devrait l’être au pluriel. Le « Boulevard périphérique » s’inscrit en effet comme l'une des quatre grandes rocades ceinturant la capitale française puisque, à l'intérieur même de Paris, les boulevards des Maréchaux entourent, eux aussi, la capitale, et ce à seulement une centaine de mètres du périphérique à proprement parler.

De même, à l'extérieur de Paris cette fois, l'autoroute A86 forme, avec l'achèvement du tunnel Duplex ouvert début 2011, une boucle autour de la ville. Enfin, à une vingtaine de kilomètres du périphérique, la Francilienne – qui englobe un ensemble de routes nationales et d'autoroutes – offre un contournement complet de Paris.

Vitesse réduite et ZFE : de contraintes en contraintes ?

Sur le périphérique parisien, nombreux et divers sont les usagers qui s’y croisent. Si les vélos et les piétons ne peuvent pas (encore) y circuler, les véhicules motorisés y accèdent avec de plus en plus de difficultés compte tenu des nouvelles normes et règlementations imposées par la mise en place des zones à faibles émissions (ZFE) ou d’une limitation de vitesse à 70 km/h, voire 50 km/h à l’avenir.

Alors qu’en 2014, la vitesse moyenne s'établissait à environ 39 km/h – en raison des bouchons dus à la sur-fréquentation – les pouvoirs publics ont décidé d’instaurer le 70 km/h cette année-là. Initialement, le périphérique parisien était limité à 90 km/h, avant de tomber à 80 km/h en 1993. Cette mesure aurait permis, presque dix ans plus tard, de diminuer la nuisance sonore et d’endiguer les embouteillages. De ce fait, la Mairie de Paris envisage, si l’on en croit les propos de François Wouts, directeur de la voirie de la Ville de Paris, de passer « l'ensemble du périphérique à 50 km/h. »

Les restrictions de circulation induites par les ZFE risquent, quant à elles, d’accentuer les inégalités entre la population des grandes métropoles et celle de la France périphérique. Pour cause : près de 75 % des actifs extérieurs à une métropole se rendent dans cette dernière en voiture pour leur travail, Paris ne faisant pas exception, au contraire. Alors que la composition du trafic au sein du périphérique s’avère encore majoritairement faite de voitures particulières (VP) – même si leur proportion a baissé entre 2002 et 2018, passant de 74 à 66 %, à l’inverse de la part des deux-roues motorisés évoluant de 5 à 10 % – l’interdiction de rouler dans la métropole du Grand Paris concernera quelque 380 000 véhicules jugés parmi les plus polluants. Une échéance certes reportée de juillet 2023 à fin 2024/début 2025 qui bouleversera la mobilité de nombreux employés. Entre autres chantiers…

Les JO 2024 pourraient tout chambouler

Avec ses 2x4 voies, le périphérique parisien constitue un vaste espace d’aménagements potentiels. Par conséquent, en mai 2022, la Maire de Paris, Anne Hidalgo, a fait savoir son intention de repasser à un périphérique à 2x3 voies à l'occasion des Jeux olympiques de 2024, donnant ainsi accès à une voie réservée pour les transports en commun et le covoiturage.

Une consultation publique sur les modalités de cette action et son éventuelle pérennisation a d’ailleurs été ouverte pour les Franciliennes et les Franciliens, qui ont jusqu’au 28 mai pour donner leur avis. Du 1er juillet au 15 septembre 2024, 185 kilomètres autour et dans la capitale disposeront également d’une voie réservée aux personnes accréditées par le Comité des Jeux olympiques.

Une opération doublée de la mise en place de cinq radars dédiés au contrôle de ces files « olympiques » venant s’ajouter aux dix-huit radars déjà présents sur les 35 kilomètres du périphérique parisien. Capables de lire les plaques minéralogiques et de compter le nombre de passagers par véhicules, ils n’auront cependant pas pour fonction de sanctionner les conducteurs en excès de vitesse mais seulement les contrevenants aux règles qui, eux, encourent une amende de 135 euros. Pour s’assurer de leur bon fonctionnement, un test grandeur nature se tiendra d’ailleurs pendant la Coupe du monde de Rugby, à l’automne 2023.

Une végétalisation toujours en cours

Outre cette transformation d’envergure, la Mairie de Paris souhaite aussi la plantation de 70 000 arbres sur les voies de circulation du périphérique parisien d'ici à 2030. Une dizaine d’hectares seraient ainsi à végétaliser au travers des voies latérales, des bretelles et des échangeurs reconquis ou encore des îlots privés, bien que la préfecture de police s'oppose à l’heure actuelle à ce projet.

Que le périphérique se mette au vert ne serait pourtant pas une première comme en témoignent les 44 hectares d'espaces verts en bordure du périphérique, dont le Bois de Vincennes. Une forêt linéaire comprenant une promenade de 11 500 m2 et bordant le Boulevard périphérique entre la porte de la Villette et la porte de la Chapelle devrait également pousser d'ici à 2030. À cet horizon, 22 portes devraient enfin devenir des places, notamment la porte de la Villette, la porte de Bagnolet, la porte de Bercy, la porte de Vanves ou la porte de Sèvres.

Bonus : le saviez-vous ?

  • En 2018, le périphérique parisien ne comptait plus que deux stations-service situées au niveau de la porte d'Aubervilliers.
  • En 2008, le dispositif d'éclairage du Boulevard périphérique comportait 34 747 sources lumineuses, soit environ 1 000 par km.
  • Dans les années 1980, le terre-plein central a été équipé de murets en béton extrudé afin d’éviter les risques de franchissement par des poids lourds des glissières métalliques ainsi que l' « effet guillotine » que celles-ci représentaient pour les motards.
  • Le Périph’ compte 148 passages supérieurs (ponts enjambant le périphérique) et 105 passages inférieurs (ponts supportant le périphérique et franchissant d'autres voies routières ou ferrées). Le pont Masséna, situé dans le 13e arrondissement entre l'avenue de la Porte-de-Vitry et la Seine, est le plus long de Paris avec 492 mètres à son actif.
  • Le périphérique comporte 23 tunnels de plus de 100 m de long, 7 de plus de 300 m ainsi que 2 d’une longueur de plus de 500 m : le tunnel du Parc des Princes et le tunnel du lac supérieur (580 m tous les deux). 
  • La vitesse moyenne de circulation était de 35,5 km/h en 2017, un chiffre variable selon les jours de la semaine. 
  • Pour faire la moitié du périphérique à 70 km/h de moyenne, il faut 15,02 minutes.
  • Selon un rapport de 2019, le Périph’ est considéré comme un axe faiblement accidentogène, concentrant seuls 11 % des accidents corporels répertoriés pour 30 % du trafic parisien.

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