© Lucas Frangella - Métropole de Grenoble
Une récente étude - une première en France ! - menée par des chercheurs grenoblois dans le cadre du projet MobilAir, démontre que réduire la pollution atmosphérique en mettant en place des dispositifs, telles qu'une Zone à Faibles Émissions (FZE), est économiquement rentable pour une collectivité. Les bénéfices sociétaux associés à des mesures d'amélioration de la qualité de l'air seraient donc supérieurs aux coûts engendrés.
Chaque année en France, la pollution aux particules fines entraîne la mort prématurée d’environ 40 000 personnes. Ce chiffre avancé est associé à un coût économique estimé à 100 milliards d’euros annuels. Ce n'est pas rien, et pour lutter contre le phénomène et rétablir une qualité de l'air acceptable, les politiques publiques se multiplient à l'instar des récentes ZFE qui devraient concerner pas moins de 40 agglomérations françaises d'ici à 2025. Des dispositifs qui ont bien sûr un coût mais lequel ? Bien souvent, cette question reste sans réponse...
C'est ce qu'a donc tenté de déterminer une équipe pluridisciplinaire du CNRS, de l’Inserm, d’INRAE, de l’Université Grenoble Alpes (UGA) et d’Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, dont les résultats de l'étude ont été publiés par Environment International le 15 janvier dernier. Leur conclusion : diminuer de deux tiers la mortalité attribuable aux particules fines à l’échelle d’une agglomération peut se faire pour un coût bien inférieur aux bénéfices sociétaux et économiques.
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Réduire la circulation mais pas que...
Pour mener à bien son analyse, l’équipe grenobloise a ciblé les deux secteurs locaux les plus émetteurs de particules fines : le chauffage au bois et les transports. Elle démontre que l’objectif sanitaire peut être atteint en combinant deux mesures : le remplacement de tous les équipements de chauffage au bois non performants par des poêles à granulés récents, et la réduction de 36 % du trafic des véhicules personnels au sein de l’agglomération. "Concrètement, ces démarches devront s’accompagner d’aides financières aux ménages, du développement d’infrastructures (transports en commun et/ou pistes cyclables, etc.) et de programmes de sensibilisation très ciblés", précisent les auteurs.
Un bénéfice net de plusieurs milliards d’euros
Dans le détail, les scénarios qui prennent en considération le plus fort développement des modes actifs (marche et vélo) en remplacement de la voiture à Grenoble conduisent alors à un bénéfice net de 8,7 milliards d’euros sur la période 2016-2045, soit un gain annuel rapporté par habitant de la métropole de 629 euros. Un gain calculé en faisant la différence entre les bénéfices sanitaires des mesures (qu'ils soient tangibles, comme la baisse des frais médicaux et des congés maladies, ou intangibles, tels que la perte de qualité de vie ou la mortalité) et les investissements et coûts, privés et pour la collectivité, associés à ces mesures. En outre, "la mise en œuvre réussie de ces mesures entraînerait des bénéfices sanitaires en cascade, qui dépassent le gain sanitaire directement associé aux particules fines. En effet, elles favorisent l’activité physique, réduisent le bruit dans la ville et les émissions de gaz à effet de serre". "Dit autrement : selon les scénarios, chaque euro investi par la collectivité génèrerait entre 1,1 et 4,7 euros de bénéfice sociétal", selon l'étude.
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Ces conclusions, les premières du genre, pourraient bien créer un précédent. Les décideurs politiques disposant maintenant de pistes scientifiquement validées pour améliorer la qualité de l'air et la santé à l’échelle de l’agglomération ne semblent plus avoir d'excuse pour reculer...