Zones à faibles émissions (ZFE) : comment rendre la mobilité propre accessible à tous ?

Zones à faibles émissions (ZFE) : comment  rendre la mobilité propre accessible à tous ?

La mise en place des ZFE inquiète les automobilistes.

© Lucas Frangella - Métropole de Grenoble

Reçu ce mardi 14 février par l’association Équilibre des énergies – présidée par l’ancien ministre de l’Écologie Brice Lalonde –, le député des Yvelines, Bruno Millienne, est revenu sur les conditions de l’acceptabilité des ZFE. Un pari pour l’amélioration de la qualité de l’air qui, loin d’être gagné, doit s’accompagner de mesures exemplaires notamment en termes d’uniformisation à l’échelle des territoires, de développement de solutions de substitution mais aussi de communication et d’accompagnement. Pour mémoire, le parlementaire a été missionné récemment pour mener une mission flash sur le déploiement des ZFE.

On le sait bien : les Français sont attachés à leur liberté de déplacement et plus particulièrement à leur voiture. D’ailleurs l’adage « ne touche pas à ma bagnole » a le vent en poupe ces derniers temps face à la multiplication des ZFE sur le territoire qui doit concerner, à terme, près d’une quarantaine de villes françaises. Un déploiement large dans un laps de temps, qui plus est, assez court, car la loi oblige les territoires à être aux normes dès 2025 selon un calendrier bien précis rappelé ici.

Bien évidemment, cette mesure n’est pas sans poser de multiples problèmes puisqu’elle vient entraver la liberté de se déplacer et d’entreprendre de millions de nos concitoyens, qu’ils soient particuliers ou professionnels. « Cela pose la question de l’acceptabilité sociale de laquelle découle l’acceptabilité économique notamment pour les populations précaires mais aussi les artisans et les commerçants utilisateurs de petits utilitaires légers pour qui le véhicule est devenu un bureau, analyse Bruno Millienne. Pour ces populations, passer à l’électrique est compliqué. Cela peut coûter des fortunes et ils n’ont pas vraiment prévu cela. » Ainsi, face à l’enjeu de santé publique soulevé par les zones à faibles émissions, comment rendre la mobilité propre accessible à tous ?

Des solutions multiples à mettre en place

Pour le parlementaire, plusieurs solutions existent. Pour les trouver, il suffit « de prendre et de comprendre le tout dans sa globalité pour se poser les bonnes questions. Est-ce que nos métropoles sont suffisamment équipées en solutions alternatives ? Qui sont les publics les plus pénalisés ? », questionne Bruno Millienne. Synonymes d’inégalités, les ZFE engendrent un problème social qui implique plusieurs paramètres : la mobilité, l’urbanisme, la ville, les infrastructures… Parmi les solutions avancées par le député : le nécessaire mix-énergétique au-delà du tout-électrique en y associant toutes les énergies alternatives y compris l’hybride rechargeable, mais aussi le développement de « transports publics à haut niveau de service » et des voies réservées aux véhicules partagés… « Il est nécessaire d’améliorer les infrastructures mais c’est long et c’est assez lointain », souligne cependant le parlementaire.

Une uniformisation incontournable, notamment pour les professionnels

Dans un temps plus court, Bruno Millienne prône l’uniformisation du dispositif afin qu’il soit plus clair, plus lisible par les usagers et que les professionnels puissent poursuivre leurs activités. « Avec la mission flash, nous aurons au moins réussi à faire prendre conscience au gouvernement que les collectivités locales ne peuvent pas tout faire toute seule notamment en termes d’harmonisation. Nous avons été frappés par une région qui a beaucoup d’interconnexions, je prends en exemple Lyon, Grenoble et Saint-Etienne. Aucune de ces trois métropoles n’a les mêmes règles. Mettez-vous à la place des particuliers et des artisans ou commerçants, interpelle le député. Au bout d’un moment, ils abandonnent des marchés dans ces métropoles pour en prendre, s’ils le peuvent, dans d’autres territoires. » Le risque : avoir des centres-villes désertés par les entrepreneurs au profit des périphéries et des zones urbaines moins denses où ils auront encore l’autorisation de circuler librement.

De la nécessité de contrôler

Pour Bruno Millienne, la question du contrôle semble également inévitable. « J’ai des exemples de villes qui ont communiqué efficacement sur le sujet avec des supports bien faits et largement déployés auprès des citoyens. Mais ce n’est pas suffisant. Les gens oublient. Sans contrôle, ça ne fonctionnera pas », assure le parlementaire bien renseigné sur la question. Car, on le sait, aujourd’hui les contrôles policiers sont peu fréquents et inefficaces. De récentes études ont également apporté la preuve que nombre de conducteurs n’entendent pas à ce jour respecter les ZFE. Selon des chiffres Aramisauto - Opinionway publiés en octobre 2022, ils sont 42 % à être déterminés à utiliser leur voiture malgré l’interdiction de circuler. Mais sur le sujet, cela devrait rapidement évoluer. Rappelons que l’État s’est emparé de la question en décidant d’opérer des contrôles via un système de vidéo-verbalisation automatisé. Si pour le moment, les modalités ne sont pas encore connues, les collectivités qui le souhaitent devraient en disposer à partir du deuxième semestre 2024.

Regarder au-delà de la voiture

Pour conclure, le député a tenu à rappeler que, pour la qualité de l’air, le dispositif se doit d’être plus global et ne pas se contenter de pointer du doigt les transports terrestres. « S’il est moins facile de le faire pour les zones aéroportuaires souvent éloignées des grands centres-villes urbains, nous regardons à créer des ZFE portuaires, explique Bruno Millienne. Il n’est pas logique que nos ports ne soient pas concernés par l’électrification. » À ce titre, le gouvernement a entamé à l’automne dernier des travaux d’expérimentations avec les collectivités volontaires.

Notons également pour conclure que l’État travaille actuellement à la décarbonation de notre industrie avec des paramètres qui pourraient être basés sur l’évaluation du cycle de vie des produits. Bruno Millienne en est persuadé : « Si la France ne sera jamais compétitive sur le prix, elle peut devenir la locomotive qui va tirer l’Europe vers une industrie verte, avec un rapport qualité – prix – respect de l’environnement au plus haut. »

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