93 % des répondants se sont identifiés comme "particuliers" et 7 % comme "professionnels". Dans les deux cas, les réponses traduisent une très faible acceptabilité des ZFE.
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Avec plus de 50 000 avis récoltés en un mois, la récente consultation en ligne du Sénat sur les zones à faibles émissions a battu des records. En voici les principaux résultats...
Du 16 avril au 14 mai derniers, la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Palais du Luxembourg a mené une consultation en ligne afin de prendre le pouls en matière d'acceptabilité des zones à faibles émissions par les Français. Un sujet qui a suscité l'intérêt, puisque pas moins de 51 346 réponses ont été enregistrées dans le délai*. « C'est un record, précise Philippe Tabarot, sénateur et rapporteur de la mission "flash" sur les ZFE. Nous avons même doublé les réponses de la consultation sur la mise en place des 80 km/h menée en 2018, qui était jusque-là notre meilleure performance avec 23 000 avis. Ce niveau de participation inédit témoigne de l'importance et des inquiétudes portées aux enjeux des ZFE par nos concitoyens », commente le parlementaire.
Des ZFE encore trop « inacceptables »
Dans le détail, 93 % des répondants se sont identifiés comme « particuliers » et 7 % comme « professionnels ». Dans les deux cas, les réponses traduisent une très faible acceptabilité des ZFE. 86 % des premiers et 79 % des seconds se disent être opposés à leur déploiement. Les répondants ont exprimé un ressenti nettement négatif et certains ont évoqué clairement un risque de creusement des inégalités sociales : « Il s’agit d’une mesure technocratique qui, de surcroît, crée une véritable rupture d’égalité d’accès au centre de ville selon que vous soyez aisé ou non », « c’est de l’exclusion sociale pure », « il y a une discrimination flagrante entre les différents citoyens »... Pour autant, les ZFE sont aussi identifiées comme un levier essentiel d’amélioration de la qualité de l’air permettant de « limiter les risques respiratoires de la pollution » et de « protéger la santé de tous ».
De nombreux obstacles à lever
La consultation a aussi permis de confirmer les principaux obstacles à l’acceptabilité des ZFE. Pour les répondants, le coût trop élevé d’acquisition des véhicules propres ressort nettement en pôle position, qu'il s'agisse des professionnels ou des particuliers et quelle que soit la catégorie socio-professionnelle. Parmi les particuliers, 97 % des personnes ayant donné leur avis ont un véhicule motorisé et 42 % un véhicule classé Vignette Crit’Air 3, 4, 5 ou non classé. En outre, 83 % estiment ne pas avoir d'alternative satisfaisante à l'usage de leur voiture individuelle.
Du côté des professionnels, 86 % des répondants ont déclaré posséder au moins un véhicule diesel dans leur flotte et 41 % un véhicule classé Vignette Crit’Air 3, 4, 5 ou non classé. 74 % d'entre eux sont aussi amenés à circuler dans une métropole concernée par une ZFE plusieurs fois par semaine, 45 % quotidiennement. Pour cette partie de la population, les aides ne semblent pas suffisantes au regard du coût total d'acquisition des véhicules moins polluants (73 %). Enfin, 29 % s'estiment mal informés sur les possibilités de soutien financier.